Le TDAH

Troubles associés

Le TDAH est un trouble du neurodéveloppement, très souvent associé à d’autres troubles psychiatriques et du neurodéveloppement. La présence d’autres troubles va avoir des conséquences sur les symptômes du TDAH, en augmentant leur sévérité, et en aggravant le fonctionnement.

TDAH, les troubles associés ou comorbidités

, par Christine Gétin, directrice

La présence d’un trouble associé au TDAH est évaluée entre 65 et 89% [1] [2] TDAH, les troubles associés {PNG} Parmi les troubles associés on retrouve notamment la dépression, le trouble bipolaire, les troubles anxieux, le trouble de l’opposition avec provocation (TOP), le trouble des conduites (TC), les troubles du comportement alimentaire (TCA) et les troubles liés à la consommation de substances, parmi les troubles du neurodéveloppement on retrouve le trouble du spectre de l’autisme (TSA), le trouble spécifique des apprentissages (lecture, expression écrite, calcul) et le trouble du développement de la coordination. Associé au TDAH on trouve aussi les troubles du sommeil, l’obésité, …

Le trouble du spectre de l’autisme

Les enfants avec un trouble du spectre de l’autisme présentent fréquemment les symptômes du TDAH, la fréquence du TDAH parmi cette population est évaluée à 42% [3]. Cependant ce chiffre pourrait être plus important puisque avant le DSM-5 la présence d’un TSA excluait le diagnostic de TDAH, et on pense probable que de nombreux enfants diagnostiqués avec un TSA n’aient pas été évalués pour un éventuel TDAH et inversement.

Le trouble de l’opposition avec provocation (TOP) et le trouble des conduites (TC)

Il a été démontré que 30 à 50% des enfants avec TDAH présentent un TC ou un TOP, il a été identifié que ces troubles étaient plus fréquemment identifiés chez les garçons que chez les filles. Les enfants présentant ce type de comorbidité sont plus susceptibles une fois adultes de présenter un trouble de l’abus de substances, un trouble de la personalité antisociale que ceux qui ont un TDAH seul. Les enfants présentant un TC associé, sont également plus à risque d’être exclus de l’école ou d’abandonner l’école.
Certaines études suggèrent que la présence d’un trouble de la régulation de l’humeur serait une explication pour décrire la présence simultanée du TC et d’anxiété ou d’un TDAH [4]

les troubles des Apprentissages

La fréquence des troubles des apprentissages varie beaucoup d’une étude à l’autre mais se situent le plus souvent entre 25 et 40 % [5].
Les enfants ayant un trouble des apprentissages associé à leur TDAH sont plus à risque concernant leurs performances scolaires, le risque l’atteindre un moindre niveau à la fin de leur scolarité OR = 5.93, par rapport à une population de même âge n’ayant ni trouble des apprentissages ni TDAH. Concernant les mathématique le risque d’atteindre un moindre niveau par rapport à un niveau moyen est OR = 5.44 [6].
Les troubles des apprentissages peuvent toucher le langage oral et notamment la lecture (dyslexie), le langage écrit (dysorthographie), l’acquisition et la coordination (dyspraxie) comme l’apprentissage des mathématiques (dyscalculie). Les enfants avec TDAH semblent affectés par un retard neuro-développemental, notamment pour ce qui concerne le développement de la mémoire de travail qui entraine plus de difficultés pour l’acquisition des mathématiques [7]
Dans une étude Finlandaise portant sur une cohorte de 9432 enfants âgés de 15/16 ans, les enfants présentant un TDAH avec trouble spécifique des apprentissages étaient significativement plus susceptibles de redoubler que ceux sans trouble spécifique des apprentissages. [8]
Dans une étude portant sur une cohorte d’enfant nés dans le Minnesota entre 1976 et 1982, l’incidence des troubles de l’écriture à 19 ans est significativement plus élevée chez les patients avec TDAH que pour les enfants sans TDAH (garçons : 64,5% vs 16,5% ; filles 57,0% vs 9,4%). [9]
Dans cette étude, Yoshimasu estime que les enfants avec TDAH sont 5 fois plus susceptibles de présenter un trouble du langage écrit et de la lecture que les autres enfants (OR 5,02). Les filles avec TDAH étant plus à risque que les garçons de présenter simultanément un troubles du langage écrit et de la lecture. Le risque de présenter un trouble du langage écrit sans trouble de la lecture est sensiblement plus élevé ( OR 6,80) [10].

Un diagnostic précoce et la mise en place d’un traitement et d’interventions en remédiation cognitive et orthophonique, optimise les chances de succès scolaire pour les enfants ayant un trouble des apprentissages associé ou une dyslexie [11]

Troubles anxieux et TOC

Les troubles anxieux ont une fréquence d’environ 30% parmi la population des TDAH. Les enfants anxieux sont plus sujets à des peurs à l’école, de l’inattention, de mauvaises habiletés sociales et ont une plus grande sévérité des symptômes. [12]

Dépression et Troubles de l’humeur dont le trouble bipolaire

Dans la population des enfants ayant un TDAH, les troubles de l’humeur ont une prévalence de 20 à 37% (trouble dépressif majeure 20%, dysthymie 28%, trouble bipolaire 37%) [13]

Les enfants présentant une dépression associée à leur TDAH sont plus exposés au risque d’hospitalisation, d’abus de substance et de suicide que ceux ayant un TDAH ou une dépression seule. Les filles sont 2,5 fois plus exposés au risque de présenter un trouble de l’humeur co-morbide à leur TDAH que les garçons. Cependant elles sont moins sujettes que les garçons à présenter une dépression majeure. [14]]

Les troubles d’abus de substance

Les troubles d’abus de substance progressent avec l’âge des enfants et varient de 13 à 31% (ainsi répartis : la dépendance à la drogue 13%, l’abus ou la dépendance à la drogue 19%, l’abus ou la dépendance à l’alcool 18%, la dépendance à l’alcool 31%. [15]
Une méta-analyse met en évidence l’association du TDAH de l’enfant avec l’usage de nicotine à l’adolescence et la consommation d’alcool et d’autres drogues à l’âge adulte, et l’usage régulier de tabac à l’adolescence est l’un des meilleurs prédicteurs de l’usage de substance chez l’adulte. [16]
La consommation de stimulant tels que les psychostimulants, la nicotine, la cocaïne correspondrait à une recherche temporaire d’amélioration des performances cognitives. La consommation de marijuana, d’alcool et d’opiacés expliquerait plus une recherche pour réduire les difficultés de régulation émotionnelle, la sensation d’agitation intérieure, l’excès d’éveil. [17]

Les troubles du sommeil

Parmi les patients ayant un TDAH, les études évaluent la comorbidité des troubles du sommeil chez les enfants à environ 30% avec une variation de 25 à 50% selon les auteurs [18]. Les troubles du sommeil souvent identifiés sont : la somnolence diurne, le syndrome de retard de phase de sommeil, le sommeil fractionné, le syndrome des jambes sans repos 25%, et les troubles respiratoires du sommeil.
Les enfants ayant un TDAH, notamment de type inattentif, sont plus somnolent le jour que les personnes n’ayant pas de TDAH [19].
Hors le sommeil joue un rôle central pour les fonctions cognitives, les apprentissages et la consolidation de la mémoire. Une privation de sommeil, ou un sommeil perturbé peuvent entrainer une aggravation de l’expression des symptômes du TDAH, et de moindre performances cognitives et une plus grande labilité de l’humeur [20].

Les addictions au jeux, au sexe

Autres…

L’obésité

Dans une publication de Cortese en 2016, on peut lire que les personnes avec TDAH sans traitement sont 40% plus susceptibles d’être obèse, alors que ceux prenant un traitement ne sont pas plus à riques que la population générale.

Allergies et asthme

Les enfants nés de mères astmatiques sont 40% plus susceptibles de développer un TDAH [21]

Diabète

Les adolescents ou les adultes sont 2 fois plus à risques de développer un diabète si ils ont un TDAH (consensus international)

L’Epilepsie

Lorsqu’un enfant souffre d’epilepsie il est 2,7 fois plus à risque de présenter un TDAH (consensus international)

Le consensus international mentionne également le risque de développer une maladie sexuellement transmissible qui est 3 fois plus élevé en population TDAH. Les enfants atteints d’une maladie auto-immune, sont plus à risque de développer un TDAH

ETC…
Déclaration de consensus international de la World Federation of ADHD :

Autres troubles :

  • Enurésie et encoprésie
  • Tics et Syndrome de Gilles de la Tourette

Les articles traitant ces sujets dans le site :

Notes

[1Sobanski, E. (2006). Psychiatric comorbidity in adults with attention-deficit/hyperactivity disorder (ADHD). Eur Arch Psychiatry Clin Neurosci, 256 Suppl 1, i26-31. doi : 10.1007/s00406-006-1004-4

[2Reale, L., Bartoli, B., Cartabia, M., Zanetti, M., Costantino, M. A., Canevini, M. P., . . . Hiscock, H. (2017). Comorbidity prevalence and treatment outcome in children and adolescents with ADHD

[3Gnanavel, S., Sharma, P., Kaushal, P., & Hussain, S. (2019). Attention deficit hyperactivity disorder and comorbidity : A review of literature. World J Clin Cases, 7(17), 2420-2426. doi:10.12998/wjcc.v7.i17.2420

[4Gnanavel, S., Sharma, P., Kaushal, P., & Hussain, S. (2019). Attention deficit hyperactivity disorder and comorbidity : A review of literature. World J Clin Cases, 7(17), 2420-2426. doi:10.12998/wjcc.v7.i17.2420

[5Tannock, R., & Brown, T. E. (2009). ADHD with language and/or learning disorders in children and adolescents. In T. E. Brown (Ed.), ADHD comorbidities : Handbook for ADHD complications in children and adults. (pp. 189-231). Arlington, VA US : American Psychiatric Publishing, Inc.

[6Taanila, A., Ebeling, H., Tiihala, M., Kaakinen, M., Moilanen, I., Hurtig, T., & Yliherva, A. (2014). Association between childhood specific learning difficulties and school performance in adolescents with and without ADHD symptoms : a 16-year follow-up. J Atten Disord, 18(1), 61-72. doi:10.1177/1087054712446813

[7Rennie, B., Beebe-Frankenberger, M., & Swanson, H. L. (2014). A longitudinal study of neuropsychological functioning and academic achievement in children with and without signs of attention-deficit/hyperactivity disorder. J Clin Exp Neuropsychol, 36(6), 621-635. doi:10.1080/13803395.2014.921284

[8Taanila, A., Ebeling, H., Tiihala, M., Kaakinen, M., Moilanen, I., Hurtig, T., & Yliherva, A. (2014). Association between childhood specific learning difficulties and school performance in adolescents with and without ADHD symptoms : a 16-year follow-up. J Atten Disord, 18(1), 61-72. doi:10.1177/1087054712446813

[9Yoshimasu, K., Barbaresi, W. J., Colligan, R. C., Killian, J. M., Voigt, R. G., Weaver, A. L., & Katusic, S. K. (2011). Written-language disorder among children with and without ADHD in a population-based birth cohort. Pediatrics, 128(3), e605-612. doi:10.1542/peds.2010-2581

[10Tannock, R. (2012). ADHD is associated with an increased risk of written-language disorder. Evidence-based mental health, 15(2), 36. doi:10.1136/ebmental-2011-100487

[11Kurzweil, S. R. (1992). Developmental reading disorder : predictors of outcome in adolescents who received early diagnosis and treatment. J Dev Behav Pediatr, 13(6), 399-404. Retrieved from http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/1469107

[12Belanger, S. A., Andrews, D., Gray, C., & Korczak, D. (2018). ADHD in children and youth : Part 1-Etiology, diagnosis, and comorbidity. Paediatr Child Health, 23(7), 447-453. doi:10.1093/pch/pxy109

[13Kessler, R. C., Adler, L. A., Barkley, R., Biederman, J., Conners, C. K., Faraone, S. V., . . . Zaslavsky, A. M. (2005). Patterns and predictors of attention-deficit/hyperactivity disorder persistence into adulthood : results from the national comorbidity survey replication. Biol Psychiatry, 57(11), 1442-1451. doi : S0006-3223(05)00431-2 [pii] 10.1016/j.biopsych.2005.04.001.

[14Biederman, J., Ball, S. W., Monuteaux, M. C., Mick, E., Spencer, T. J., McCreary, M., . . . Faraone, S. V. (2008). New insights into the comorbidity between ADHD and major depression in adolescent and young adult females. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry, 47(4), 426-434. doi:10.1097/CHI.0b013e31816429d3
S0890-8567(09)62398-4 [pii

[15Kessler, R. C., Adler, L. A., Barkley, R., Biederman, J., Conners, C. K., Faraone, S. V., . . . Zaslavsky, A. M. (2005). Patterns and predictors of attention-deficit/hyperactivity disorder persistence into adulthood : results from the national comorbidity survey replication. Biol Psychiatry, 57(11), 1442-1451. doi:S0006-3223(05)00431-2 [pii]
10.1016/j.biopsych.2005.04.001

[16Charach, A., Yeung, E., Climans, T., & Lillie, E. (2011). Childhood attention-deficit/hyperactivity disorder and future substance use disorders : comparative meta-analyses. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry, 50(1), 9-21. doi:S0890-8567(10)00744-6 [pii]
10.1016/j.jaac.2010.09.019

[17Gudjonsson, G. H., Sigurdsson, J. F., Sigfusdottir, I. D., & Young, S. (2012). An epidemiological study of ADHD symptoms among young persons and the relationship with cigarette smoking, alcohol consumption and illicit drug use. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 53(3), 304-312. doi:10.1111/j.1469-7610.2011.02489.x

[18Yoon, S. Y., Jain, U., & Shapiro, C. (2012). Sleep in attention-deficit/hyperactivity disorder in children and adults : past, present, and future. Sleep Medicine Reviews, 16(4), 371-388. doi:10.1016/j.smrv.2011.07.001

[19Konofal, E., Lecendreux, M., & Cortese, S. (2010). Sleep and ADHD. Sleep Med, 11(7), 652-658. doi:S1389-9457(10)00217-0 [pii]
10.1016/j.sleep.2010.02.012

[20Yoon, S. Y., Jain, U., & Shapiro, C. (2012). Sleep in attention-deficit/hyperactivity disorder in children and adults : past, present, and future. Sleep Medicine Reviews, 16(4), 371-388. doi:10.1016/j.smrv.2011.07.001

[21Consensus international 2021

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