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Déclaration de consensus international de la World Federation of ADHD : 208 Conclusions fondées sur des preuves à propos du trouble

, par Christine Gétin, directrice

Les travaux de consensus des experts internationaux sur le #TDAH #ADHD peuvent se résumer ainsi :

Le TDAH est un trouble chronique dans lequel des symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité/impulsivité inappropriés par rapport au développement entraînent un handicap dans de nombreux aspects de la vie. Le trouble, qui débute dans l’enfance ou au début de l’adolescence, est plus fréquent chez les garçons que chez les filles, touche 5,9 % des jeunes et 2,8 % des adultes dans le monde. De multiples facteurs de risque génétiques et environnementaux se cumulent et se combinent de différentes façons pour causer le TDAH. Ces facteurs de risque entraînent de subtils changements dans plusieurs réseaux neuronaux et dans les processus cognitifs, motivationnels et émotionnels qu’ils contrôlent. Les personnes avec TDAH ont un risque élevé d’échec scolaire, de comportement antisocial, d’autres problèmes psychiatriques, de troubles somatiques, d’abus de drogues et d’alcool, de blessures accidentelles, de tentatives de suicide et de décès prématuré, y compris par suicide.

En conséquence, le TDAH coûte à la société des centaines de milliards de dollars chaque année. Plusieurs médicaments sont sûrs et efficaces pour traiter le TDAH et pour prévenir de nombreuses évolutions défavorables. Des traitements non médicamenteux sont disponibles, mais, par rapport aux médicaments, ils sont moins efficaces pour réduire l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité.

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Déclaration de consensus international de la fédération mondiale du TDAH
© World ADHD Federation

Déclaration de consensus international de la Fédération mondiale du TDAH : 208 Conclusions fondées sur des preuves à propos du trouble

Auteurs : Stephen V. Faraone, Tobias Banaschewski, David Coghill, Yi Zheng, Joseph Biederman, Mark A. Bellgrove, Jeffrey H. Newcorn, Martin Gignac, …, Samuele Cortese, …, Diane Purper-Ouakil, … Voir PS

Points principaux

  1. Le TDAH touche 5,9% des jeunes et 2,5% des adultes.
  2. La plupart des cas de TDAH sont le résultat des effets combinés de risques génétiques et environnementaux.
  3. Il existe de petites différences entre le cerveau des personnes avec TDAH et celles sans TDAH.
  4. Non traité, le TDAH peut entrainer une évolution très défavorable.
  5. Le TDAH coûte à la société des centaines de milliards de dollars chaque année, dans le monde entier.

Résumé

Contexte :

Les idées fausses sur le TDAH stigmatisent les personnes touchées, réduisent la crédibilité des professionnels et entravent/retardent le traitement. Nous présentons des faits à haut niveau de preuve pour lutter contre ces idées fausses.

Méthode :

Nous avons passé en revue des études de plus de 2000 participants ou des méta-analyses comptant au moins cinq études ou au moins 2000 participants. Nous avons exclu les méta-analyses qui n’évaluaient pas les biais de publication, à l’exception des méta-analyses de prévalence. Nous avons exigé que les méta-analyses en réseau présentent des comparaisons ajustées avec des diagrammes en entonnoir. Nous avons exclu les études de traitement dont les témoins étaient constitués d’enfants en liste d’attente de soins ou d’enfants avec un traitement habituel. De cette littérature, nous avons extrait des affirmations fondées sur des données probantes concernant ce trouble.

Résultats :

Nous avons généré 208 déclarations sur le TDAH étayées empiriquement. Soixante-dix neuf auteurs dans 27 pays et 6 continents soutiennent la validité empirique de ces déclarations. Le contenu de ce manuscrit est approuvé par 362 personnes qui l’ont lu et sont d’accord avec son contenu.

Conclusions :

De nombreux résultats concernant le TDAH sont étayés par des méta-analyses. Cela permet de faire des déclarations fermes sur la nature des troubles, l’évolution, les facteurs impliqués dans le devenir et les traitements des troubles qui sont utiles pour réduire les idées fausses et la stigmatisation.

Mots-clés : TDAH, diagnostic, traitement, trajectoire, évolution, génétique, cerveau


Introduction

Il y a près de vingt ans, une équipe internationale de scientifiques a publié la première déclaration de consensus international sur le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) (Barkley, 2002). Ils ont cherché à présenter la richesse des données scientifiques attestant de la validité du TDAH en tant que trouble mental et à corriger les idées fausses qui stigmatisaient les personnes touchées, réduisaient la crédibilité des professionnels de la santé et empêchaient ou retardaient le traitement des personnes confrontées au trouble (DosReis et al., 2010 ; Horton-Salway, 2013 ; McLeod et al., 2007 ; Mueller et al., 2012).

Cet article met à jour la déclaration de consensus international en inventoriant les importantes découvertes scientifiques depuis ces 20 dernières années. Nous n’avons pas l’intention de présenter une encyclopédie du TDAH ou des lignes directrices pour le diagnostic et le traitement. Ces dernières se trouvent dans les références citées. Notre objectif est de fournir des informations actuelles et précises sur le TDAH étayées par un ensemble substantiel de preuves rigoureuses.

Methode

Nous avons identifié des déclarations basées sur les preuves concernant le TDAH à partir d’un examen approfondi de méta-analyses de haute qualité et études à grande échelle. Un comité de pilotage du projet (tableau supplémentaire 1) a examiné les documents, composé de représentants des groupes suivants engagés dans la recherche et le soin clinique du TDAH : la Fédération Mondiale du TDAH (World Federation of ADHD), EUropean NETwork for Hyperkinetic DIsorderS (Eunethydis), la Société Américaine Professionnelle du TDAH et Troubles Associés (American Professional Society of ADHD and Related Disorders), l’Alliance Canadienne de Ressources pour le TDAH (Canadian ADHD Resource Alliance), la Fédération Asiatique du TDAH (the Asian Federation of ADHD), la Ligue Latino-Américaine du TDAH (Latin American League of ADHD), l’association Australienne des Professionnels du TDAH (Australian ADHD Professionals Association), la société israélienne de TDAH (Israeli Society of ADHD), la société saoudienne de TDAH (Saudi ADHD Society), le section de troubles neurodéveloppementaux sur la vie-entière de l’association européenne de psychiatrie (Neurodevelopmental Disorders Across Lifespan section of the European Psychiatric Association), le groupe de recommendations professionnelles de l’association de sociétés scientifiques allemandes (ADHD Guidelines Group of the Association of Medical Scientific Societies in Germany), le réseau TDAH de l’European College of Neuropsychopharmacology, la société chinoise de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (Chinese Society of Child and Adolescent Psychiatry) et la section TDAH de l’association mondiale de psychiatrie (ADHD Section of the World Psychiatric Association).

Pour les grandes études de cohorte, nous avons cherché dans PubMed avec les critères suivants : ADHD [tiab] AND (nationwide [tiab] OR national [tiab] OR register [tiab] OR registry [tiab]) NOT review [Publication Type] NOT meta-analysis [Publication Type]. Pour les méta-analyses, nous avons utilisé dans PubMed les critères suivants : ADHD [All Fields] AND (meta-analysis [Title] OR metaanalysis [Title] OR meta-analytic [Title] OR systematic review [Title]). Nous avons exclu les méta-analyses qui n’évaluaient pas le biais de publication, à l’exception des méta-analyses de prévalence. Pour les méta-analyses en réseau, nous avons exigé que des comparaisons ajustées avec des diagrammes en entonnoir soient présentées. Pour les études de traitement, nous avons exclu les résultats des méta-analyses qui comportaient des comparaisons de traitements avec des groupes contrôles constitués de patients en liste d’attente ou prenant leur traitement habituel.
Mis à part les déclarations sur l’histoire du TDAH et ses critères diagnostiques, nous avons exigé que chaque déclaration basée sur les preuves soit étayée par des méta-analyses ou par de grandes études de registre de plus de 2 000 participants. Nous avons exigé que les méta-analyses comprennent les données d’au moins cinq études ou d’un minimum de 2 000 participants.

Nous utilisons pour qualifier la « taille de l’effet » les critères standard suivants : pour la différence moyenne normalisée : petite = 0,20, moyenne = 0,50, grande = 0,80 ; pour le coefficient de corrélation : faible = 0,10, moyen = 0,24, grand = 0,37 (Ellis, 2010 ; Rosenthal and Rosnow, 1984). « Modéré » est utilisé comme synonyme de « moyen », et « fort » pour « important ». Un « petit » effet est généralement difficile à observer chez une personne, mais peut être très important pour la santé publique s’il s’agit d’une exposition courante qui touche de nombreux enfants. On s’attend à ce qu’un effet « moyen » soit perceptible à un observateur attentif (Cohen, 1988). Un effet « important » est généralement pertinent pour la pratique clinique au niveau de l’individu.

Si une thématique est absente dans ce document, cela ne signifie pas qu’elle ne soit pas importante ; cela signifie plutôt que les éléments de preuve trouvés étaient insuffisants pour permettre des conclusions fermes. Cela pouvait être du fait de l’absence d’un nombre suffisant d’études de qualité, parce qu’aucune tentative n’a été faite pour évaluer le biais de publication ou parce que les données disponibles n’étayaient pas les affirmations faites. Une fois le document terminé, nous avons invité d’autres collègues à se joindre à nous en tant que signataires pour signifier leur soutien au document. Dans ce qui suit, nous utilisons le terme « fondé sur des preuves » pour désigner des éléments de preuve qui répondent aux critères d’inclusion et d’exclusion que nous avons utilisés dans notre recherche documentaire. Nous reconnaissons que d’autres critères auraient pu être appliqués, comme l’exigence d’une absence d’hétérogénéité sévère dans les méta-analyses ou un nombre plus important encore de participants dans les recherches.

Vue d’ensemble des résultats

Notre stratégie de recherche a généré 208 déclarations empiriquement étayées concernant le TDAH. Pour plus de détails, consulter le diagramme PRISMA dans la figure supplémentaire 1. Soixante-dix-neuf auteurs dans 27 pays et 6 continents soutiennent la validité empirique de ces déclarations (Figure supplémentaire 2). Il a été approuvé par 362 personnes qui ont lu ce document et exprimé leur accord avec son contenu (Tableau supplémentaire 2). Le Tableau 1 résume nos résultats ainsi que les numéros des items qui soutiennent chaque énoncé. L’une des limites de cette déclaration de consensus est que nous ne faisons pas état de résultats de recherche bien établis pour lesquels il n’existe pas de méta-analyses ou de très grandes études. L’absence d’une telle étude n’indique pas toujours la connaissance de l’absence d’un effet.

Table 1 : Résumé des résultats

Les constats

  1. Le syndrome connu aujourd’hui sous le nom de TDAH est décrit dans la littérature médicale depuis 1775. 1 - 13
  2. Lorsqu’il est effectué par un clinicien formé, le diagnostic de TDAH est bien défini et valide à tous les âges, même en présence d’autres troubles psychiatriques, ce qui est courant. 14-19
  3. Le TDAH est plus fréquent chez les hommes et survient chez 5,9 % des jeunes et 2,5 % chez les adultes. Il a été décrit dans des études menées en Europe, en Scandinavie, en Australie, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud et en Amérique du Nord. 20-25
  4. Le TDAH est rarement causé par un seul facteur de risque génétique ou environnemental ; la plupart des cas de TDAH sont le résultat des effets combinés de nombreux risques génétiques et environnementaux ayant chacun un effet très faible. 26-62
  5. Les personnes avec TDAH montrent souvent des performances altérées dans les tests psychologiques du fonctionnement cérébral, mais ces tests ne peuvent pas être utilisés pour diagnostiquer le TDAH. 63-70
  6. Les études de neuro-imagerie trouvent de petites différences dans la structure et le fonctionnement du cerveau entre personnes avec TDAH et celles sans TDAH. Ces différences ne peuvent pas être utilisées pour diagnostiquer le TDAH. 71-77
  7. Les personnes atteintes de TDAH sont plus à risque d’obésité, d’asthme, d’allergies, de diabète sucré, d’hypertension artérielle, de troubles du sommeil, de psoriasis, d’épilepsie, d’infections sexuellement transmissibles, d’anomalies de l’œil, de trouble immunitaires et de troubles métaboliques. 78-100
  8. Les personnes avec TDAH courent un risque accru de mauvaise qualité de vie, de troubles liés à la consommation de substances, de blessures accidentelles, de sous-performance scolaire, de chômage, de troubles liés aux jeux de hasard, de grossesse chez les chez les adolescentes, de difficultés à se socialiser, de délinquance, de suicide et de décès prématuré. 101-136
  9. Des études sur le poids économique montrent que le TDAH coûte à la société des centaines de milliards de dollars chaque année, dans le monde entier. 137-147
  10. Les autorités de santé du monde entier ont reconnu que plusieurs médicaments sont sûrs et efficaces pour réduire les symptômes du TDAH, comme le montrent les essais cliniques randomisés contrôlés. 148-157
  11. Les traitements médicamenteux du TDAH réduisent les blessures accidentelles, les lésions cérébrales traumatiques, les abus de substances, le tabagisme, la sous-performance scolaire, les fractures osseuses, les infections sexuellement transmises, la dépression, le suicide, l’activité criminelle et la grossesse chez les adolescentes. 158-177
  12. Les effets indésirables des médicaments contre le TDAH sont généralement bénins et peuvent être réglés en changeant la dose ou le médicament. 178-188
  13. Les médicaments stimulants pour le TDAH sont plus efficaces que les médicaments non stimulants, mais sont également plus susceptibles d’être détournés, mal utilisés et utilisés de façon abusive. 189-194
  14. Les traitements non médicamenteux du TDAH sont moins efficaces que les traitements médicamenteux pour les symptômes du TDAH mais sont souvent utiles pour les problèmes qui subsistent après l’optimisation du traitement médicamenteux. 195-208

P.-S.

Stephen V. Faraone, Tobias Banaschewski, David Coghill, Yi Zheng, Joseph Biederman, Mark A. Bellgrove, Jeffrey H. Newcorn, Martin Gignac, Nouf M. Al Saud, Iris Manor, Luis Augusto Rohde, Li Yang, Samuele Cortese, Doron Almagor, Mark A. Stein, Turki H. Albatti, Haya F. Aljoudi, Mohammed M.J. Alqahtani, Philip Asherson, Lukoye Atwoli, Sven B√∂lte, Jan K. Buitelaar, Cleo L. Crunelle, David Daley, S√∏ren Dalsgaard, Manfred D√∂epfner, Stacey Espinet, Michael Fitzgerald, Barbara Franke, Jan Haavik, Catharina A. Hartman, Cynthia M. Hartung, Stephen P. Hinshaw, Pieter J. Hoekstra, Chris Hollis, Scott H. Kollins, J.J. Sandra Kooij, Jonna Kuntsi, Henrik Larsson, Tingyu Li, Jing Liu, Eugene Merzon, Gregory Mattingly, Paulo Mattos, Suzanne McCarthy, Amori Yee Mikami, Brooke S.G. Molina, Joel T. Nigg, Diane Purper-Ouakil, Olayinka O. Omigbodun, Guilherme V. Polanczyk, Yehuda Pollak, Alison S. Poulton, Ravi Philip Rajkumar, Andrew Reding, Andreas Reif, Katya Rubia, Julia Rucklidge, Marcel Romanos, J. Antoni Ramos-Quiroga, Arnt Schellekens, Anouk Scheres, Renata Schoeman, Julie B. Schweitzer, Henal Shah, Mary V. Solanto, Edmund Sonuga-Barke, C√©sar Soutullo, Hans-Christoph Steinhausen, James M. Swanson, Anita Thapar, Gail Tripp, Geurt van de Glind, Wim van den Brink, Saskia Van der Oord, Andre Venter, Benedetto Vitiello, Susanne Walitza, Yufeng Wang, The World Federation of ADHD International Consensus Statement : 208 Evidence-based Conclusions about the Disorder, Neuroscience & Biobehavioral Reviews, 2021, ISSN 0149-7634, https://doi.org/10.1016/j.neubiorev.2021.01.022. (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S014976342100049X) https://www.adhd-federation.org/publications/international-consensus-statement.html
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