L’association

Trouble des conduites : que faire ?

, par Christine Gétin, directrice

Le trouble des conduites exprime des difficultés comportementales dans lesquelles sont transgressées les règles sociales. Les symptômes propres à ce trouble sont définis dans les classifications psychiatriques permettant ainsi des études et des évaluations précises.

A travers son rapport sur le trouble des conduites, l’Inserm présente l’analyse d’études pour une grande part longitudinales qui permettent d’observer le devenir et ou l’apparition des symptômes du trouble des conduites au cours du développement.

Le diagnostic de trouble des conduites nécessite une évaluation clinique rigoureuse multimodale ainsi que le préconise l’Inserm, qui constate en France la nécessité de validation d’outils d’évaluation.

Pour émettre ses recommandations de prévention le rapport ne retiendra que les expériences de programmes de prévention dont l’efficacité de l’intervention a été démontrée.

Les recommandations de l’Inserm visent en premier lieu la formation et l’information, ainsi que le développement de structures d’écoute et d’accueil pour les enfants, les adolescents et leurs parents.

Dès lors, convient-il de continuer à ignorer l’existence des difficultés de terrain ? Convient il de faire comme si tout allait bien alors même que les familles concernées appellent à l’aide ?

Aujourd’hui la réalité du terrain est bien différente de ce que l’on imagine et force à constater qu’en ce qui concerne le Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité les enfants ont été vus par le réseau de soin à de nombreuses reprises. Les directives données aux familles vont du « ne vous inquiétez pas cela passera tout seul » à « vous êtes des parents débordés », dans la majorité des cas, aucune aide ni évaluation concrète n’est proposée en dehors d’une prise en charge psychologique de l’enfant ou du parent lui même en travail sur le lien psycho-affectif dans le meilleur des cas. Ainsi on ne soupçonne pas l’existence possible d’un trouble pouvant conduire les enfants à des situations d’exclusion sociale et scolaire. De nombreuses années sont perdues, pendant lesquelles les enfants accumulent des souffrances et du rejet, ce d’autant que les techniques de rééducation de troubles associés comme les troubles des apprentissages ne sont pas toujours proposées à temps voire réfutées par les professionnels consultés.

L’INSERM dans son rapport propose des solutions pour améliorer la prévention.

La prévention n’est que peu valorisée en France, la part qui y est consacrée dans les dépenses de santé est ridiculement basse. Mais la prévention si elle est admise pour des pathologies comme le cancer, suscite méfiance, hostilité voire crainte dès que l’on aborde le champ de la santé mentale.

Ce rapport met l’accent sur :

  • l’intérêt de repérer les difficultés à partir de l’âge de 3 ans.
  • la nécessité de mener des travaux de recherche pour rendre les prises en charge plus efficaces.
  • l’intérêt qu’il y a à faire des parents des partenaires à part entière de la prise en charge et à les soutenir dans leur fonction éducative.

Contrairement à ce qu’exprime la pétition en circulation, l’Inserm ne fait pas fi des facteurs environnementaux. Il met l’accent sur la nécessité d’améliorer les connaissances des interactions entre les facteurs biologiques et l’environnement. Ces interactions sont déterminantes sur l’évolution du jeune. Elles nécessitent de se donner les moyens d’agir, auprès des parents pour les soutenir dans leur tâche mais aussi auprès de l’établissement scolaire afin que l’attitude de la communauté éducative ne soit pas toxique pour le jeune. C’est d’abord là que l’avenir de l’enfant est déterminé plus que par sa déficience fonctionnelle.

Seule une meilleure connaissance des interactions facteurs biologiques /environnement permettra d’attaquer l’actuel déterminisme qui conduit inéluctablement certains jeunes du fait de carences multiples à rejoindre la voie de la délinquance.

En conclusion le rapport de l’Inserm a le mérite de poser des questions, et nous devons amorcer une véritable réflexion devant conduire à des réponses en rapport avec la réalité du terrain. Les craintes qui se font jour concernent davantage les modalités d’application. Or celles-ci renvoient aux représentations des différents professionnels et à la crainte des parents de voir leur enfant stigmatisé ou porteur d’une étiquette. Les éléments de réflexion qu’il apporte, sont basés sur des sources scientifiques qui ne sont pas contestables. Bien compris, il est un premier pas et un rempart de nature à éviter le déterminisme scolaire et social qui conduit trop souvent à exclure une fraction des jeunes en devenir avec tous les risques que cela comporte.

Christine Gétin

Présidente HyperSupers - TDAH France
Association d’aide aux personnes concernées par le Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité
www.tdah-france.fr


Pour en savoir plus sur ce débat

Synthèse du rapport Inserm trouble des conduites
http://www.inserm.fr/fr/questionsdesante/mediatheque/ouvrages/index.html

Texte de la pétition "pas de zéro de conduite
http://www.pasde0deconduite.ras.eu.org/index.php

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