L’association

Réponse d’un pédopsychiatre à la pétition"pas de zéro de conduite…"

, par Dr Michel Graff

Je suis pédopsychiatre et rencontre encore trop d’enfants et de parents en souffrance devant des difficultés comportementales de l’enfant interprétées de manière systématique par une linéarité inaltérable de ce type : « votre enfant est comme ceci ou cela parce que… vous avez divorcé, vous ne savez pas l’éduquer, vous êtes instable etc. etc. »

Comme ces enfants sont rebelles la plupart du temps à toutes les psychothérapies habituelles qui leur sont proposées (et qui n’ont rien de cognitivo-comportementales) ,ils sont bien démunis et se retrouvent souvent disqualifiés/plan scolaire et social, atterrissent ainsi dans des scolarisations au dessous de leur niveau potentiel, quand ce n’est pas en ITEP… et tout ceci avec le risque de subir la maltraitance de parents à bout et bien démunis vu ce qui leur est proposé. Si les psy. ont finalement abandonné la culpabilisation des parents d’autistes, ils continuent trop souvent à livrer des interprétations irrationnelles et culpabilisantes aux parents d’enfants opposants , instables, inattentifs, etc..

Je ne suis pas certain qu’il faille ainsi noircir et diaboliser cette démarche « déterministe » qui va dans le sens des connaissances les plus récentes . Je crains que le mouvement « pas de zéro de conduite » ne tente de défendre ces positions typiquement françaises d’une certaine pédopsychiatrie qui ne marche pas, c a d qui n’aide réellement ni les parents ni leurs enfants.

Je m’étonne aussi que les auteurs du texte puissent mettre en doute ce qu’il peut y avoir d’héréditaire dans les troubles évoqués. Peut-être croient-ils que pour les chercheurs de l’INSERM, l’hérédité du trouble hyperactif par exemple, est la même que celle réglant la couleur des petits pois ?

Il y a maintenant un certain consensus pour estimer que plus l’autisme est diagnostiqué précocement, et espérons le traité en conséquence, avec la collaboration des parents - et plus l’évolution peut être amendée. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les autres troubles ; ceux pour lesquels ce qu’on appelait « la constitution » est déterminante dans son interaction avec le contexte de vie de l’enfant ?

A mon avis, le véritable écueil est la mise en œuvre -laborieusement - de nouveaux « Centre Ressources » qui n’auront pas vraiment de ressources, comme on le voit pour l’autisme ou les troubles du langage. De la poudre au yeux.

Ceci dit, j’adhère néanmoins pleinement à votre appel et mon courrier de ce soir est une première réponse ;

  • Nous en appelons à un débat démocratique sur la prévention, la protection et les soins prodigués aux enfants, dans un esprit de clarté quant aux fonctions des divers acteurs du champ social (santé, éducation, justice…) et quant aux interrelations entre ces acteurs.

Pourriez-vous mettre en œuvre un site avec forum où pourrait se développer ce débat bien nécessaire ?

Dans l’attente,

Michel Graff

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