L’association

Intervention de Christine Gétin Présidente HyperSupers - TDAH France

Trouble des conduites : de la pratique à la recherche Mardi 14 novembre 2006. Paris - Maison de la Mutualité.

, par Christine Gétin, directrice

TDAH, prédictif et/ou facteur de risque ?

Le rapport de l’INSERM nous apporte un éclairage scientifique sur le trouble des conduites et sur les facteurs de risques qui en favorisent l’émergence.

Parmi ceux ci, le TDAH qui est un trouble particulièrement fréquent chez l’enfant d’âge scolaire puisque sa prévalence est estimée à 5% en population générale. Pour autant, tous les enfants TDAH sont-ils à risque de développer un TC ? Certainement pas et c’est pourquoi nous regrettons certaines formulations du rapport qui nous paraissent ambiguës. En effet, dans son rapport l’INSERM souligne une importante comorbidité dans le trouble des conduites avec d’autres troubles externalisés (TDAH), des troubles internalisés… Est-ce un facteur prédictif ? Si l’on observe la synthèse du rapport, la question est posée et l’on y parle de comorbidité fréquente : « l’association TDAH trouble des conduites et TOP augmente la sévérité de la symptomatologie ». Cependant dans la synthèse, on peut aussi lire : « le TDAH durant l’enfance serait d’autant plus prédictif du trouble des conduites qu’il serait associé au trouble oppositionnel avec provocation (TOP) ». Cette affirmation, se doit d’être explicitée car elle nous semble en tant qu’association de parents, de nature à inquiéter tout parent d’un enfant qui présenterait un TDAH. Elle risque de l’amener à réfuter le diagnostic de TDAH et à rechercher un autre avis, ce qui est de nature à faire obstacle à toute démarche de soin et préjudiciable à l’enfant.

A ce propos il me parait utile de vous faire part de nos constats en ce qui concerne le parcours de terrain actuel des familles. Beaucoup d’enfants TDAH ont été accueillis par le réseau de soin à de nombreuses occasions. Les réponses reçues par les familles vont du « ne vous inquiétez pas, cela passera tout seul » à « vous êtes des parents débordés ». Aucune aide concrète n’est proposée en dehors d’une prise en charge psychologique de l’enfant, avec un travail sur le lien psycho-affectif dans le meilleur des cas. On ne soupçonne pas l’existence du trouble, menant ainsi les enfants à des situations d’exclusion sociales et scolaires. De nombreuses années sont perdues, pendant lesquelles les enfants accumulent des souffrances et du rejet. De plus, les techniques de rééducation de troubles associés comme les troubles des apprentissages ne sont pas toujours proposées à temps voire ignorées des professionnels consultés.

Il s’agit bien au travers du débat qui a lieu de savoir quelles réponses peuvent être apportées aux enfants et aux familles, en prise avec une souffrance psychique s’exprimant à travers des comportements inadaptés. Il importe donc de savoir en identifier également les facteurs cliniques et biologiques, et, au-delà, d’agir dans le même temps sur la famille, l’école et l’environnement socio-économique qui peuvent interférer et modifier la situation.

Aussi est-il nécessaire que se développent une meilleure information et une meilleure formation, sur l’ensemble des causes, médicales, cognitives, environnementales entraînant un trouble du comportement, auprès des équipes susceptibles d’offrir les soins adaptés. Il est donc souhaitable que les soins s’inscrivent dans un travail en réseau de tous les acteurs impliqués.
En effet, notre expérience de terrain nous conforte dans l’idée que les enfants qui ont une bonne évolution sont ceux pour qui le travail entre thérapeutes, rééducateurs, médecins, école, famille et patient a été le mieux coordonné, avec une même convergence d’objectifs.

Il nous apparaît aussi important d’insister sur la nécessité d’une réponse en matière de soins qui ne cible pas seulement l’enfant mais l’ensemble de la famille, car il y a nécessité de remettre en équilibre l’ensemble des liens à l’intérieur de la cellule familiale. Cette réponse doit être, à chaque fois, articulée de manière individualisée.

Il y a aussi nécessité d’obtenir des données chiffrées sur l’ensemble des troubles du comportement en France.
Il est souhaitable que soient initiés et évalués, dans le même temps, des programmes de prévention qui permettent d’agir sur la qualité de vie des enfants et de leur famille, par des actions relevant du secteur social, médical, familial, culturel et éducatif, et ce en dehors de toute idée de répression et de justice.
Il serait inacceptable pour nous que puissent être répertoriés des diagnostics médicaux aux fins d’une prévention qui viserait un objectif sécuritaire. De telles éventualités seraient de nature à renforcer la stigmatisation et irait à l’encontre de toute prévention possible.

En conclusion, j’ai l’espoir que les enfants atteints de TDAH puissent améliorer leur devenir possible grâce à vos actions tant en matière de prévention, de dépistage que de diagnostic et de prise en charge.

Christine Gétin

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