L’association

Plan santé mentale et psychiatrie Courrier à Monsieur Douste Blazy Ministre de la santé

, par Christine Gétin, directrice

Provins, le jeudi 31 mars 2005

Objet : Psychiatrie et santé mentale, propositions.

Monsieur le Ministre

Dans le cadre du plan de psychiatrie et de santé mentale qui nous tient particulièrement à cœur et suite à notre entretien du 24 mars avec le Docteur Brigitte Lantz et Madame Annie Coletta, nous nous permettons d’attirer votre attention sur l’intérêt fondamental que représenterait la prise en compte des pathologies majeures du développement que sont le Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité et les troubles du sommeil. En effet, ces troubles, qui peuvent altérer significativement le fonctionnement du sujet tout au long de sa vie, paraissent justifier pleinement des actions précoces et prioritaires dans l’action pour la santé mentale.

Ainsi que le souligne le rapport de l’INSERM « Troubles mentaux dépistage et prévention chez l’enfant et l’adolescent » publié en février 2003, 200 000 enfants sont concernés par le Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité. Ce trouble 4 à 6 fois plus prévalent que la schizophrénie est l’une des premières causes de consultation en psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent. Son retentissement sur les apprentissages et les relations inter-personnelles pénalise sévèrement des enfants dont le potentiel est normal et qui présentent de ce fait un risque important d’exclusion anticipée du système scolaire. Cela justifie que des mesures spécifiques soient prises en matière d’information et de formation du corps médical. Il serait fondamental de mettre en place les structures permettant le dépistage et le diagnostic précoce de ces enfants afin qu’ils bénéficient de prises en charges thérapeutiques spécifiques, nécessaires au maintien dans un cycle de scolarité normal.

Nous attirons aussi votre attention sur les délais d’attente en milieu hospitalier pour une consultation spécialisée qui sont en moyenne d’une année, délai inacceptable pour des enfants en difficulté dès la classe de CP.

Le défaut de prise en charge adaptée et précoce de cette pathologie peut avoir des conséquences sévères sur la vie entière des sujets car le TDAH persiste à l’adolescence et à l’âge adulte dans environ 60% des cas. Les études à long terme montrent que par rapport à des groupes contrôles, les personnes atteintes, abandonnent plus souvent l’école (32% contre 0%), accèdent moins aux études supérieures (22% contre 77%), ont peu ou pas d’amis, perdent plus facilement leur travail (55% contre 23%), commettent plus d’actes antisociaux, ont un risque plus élevé d’usage de tabac (à 17 ans 46% des jeunes TDAH contre 24% des non TDAH), fument plus tôt (15,5 ans au lieu de 17,4 ans), ou d’abus d’alcool (32 à 53%). Chiffres cités dans le livre « L’hyperactivité » Dr Lecendreux, éditions Solar, 2003.

Quant aux troubles du sommeil et comme vous le souligniez récemment dans votre discours d’inauguration de l’exposition Dormir et Vivre, ils sont un indicateur prioritaire de santé mentale. Il importerait qu’ils fassent l’objet d’investigations et de recherche clinique chez l’enfant. Responsables dans l’enfance de difficultés scolaires, d’absentéisme et de troubles du comportement, ils sont à l’adolescence puis à l’âge adulte à l’origine d’accidents de la voie publique (études du Dr Pierre Philip sur la sécurité routière) et de comorbidité élevée avec les troubles psychiatriques et en particulier la dépression.
C’est pourquoi il apparaît fondamental d’intégrer ces troubles en matière de dépistage et de prévention des troubles mentaux.

Le retentissement dans la vie quotidienne du Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité et des troubles du sommeil fait de ces pathologies une problématique de santé publique qui s’inscrit pleinement dans l’esprit du chantier engagé par Monsieur le Président de la République concernant l’insertion des personnes handicapées.

Conscients d’autre part de l’intérêt manifesté par Madame Bernadette Chirac pour mettre en place tous les moyens nécessaires afin que tous les enfants souffrant de troubles mentaux puissent bénéficier des meilleures conditions de soins, nous souhaiterions vivement que le Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité et les troubles du sommeil puissent être intégrés dès à présent dans le plan de santé mentale.

Dans l’espoir que vous jugerez utile notre démarche, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, à l’assurance de notre haute considération.

Christine Gétin
Présidente HyperSupers - TDAH France

Docteur Michel Lecendreux
Pédopsychiatre, Responsable du Centre
Pédiatrique d’Etude du Sommeil/Psychopathologie
Hôpital Robert Debré, Paris

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