Le TDAH

Apprentissages, langage et troubles de l’attention

Orthophonie Monique Touzin

, par Monique Touzin

Apprentissages, langage et troubles de l’attention

Monique TOUZIN, Orthophoniste au CAPP Paul-Meurice, Paris

Un tiers des enfants TDAH présente des troubles des apprentissages. Ils ont deux fois plus de risques de redoubler et sont quatre fois plus susceptibles de se retrouver orientés dans une classe spécialisée que les enfants non-TDAH. Dans le cursus secondaire, ils sont trois fois plus susceptibles de décrocher et de ne pas terminer leur cursus ; ils ont des notes inférieures à celles de leur pairs. Comment l’expliquer ?

Les enfants les plus en difficulté ne sont pas ceux qui ne tiennent pas en place, mais ceux qui présentent des troubles dans des domaines essentiels à la réussite scolaire : travailler en classe requiert des facultés de planification, d’organisation, d’observation, de décision et la capacité de terminer ce que l’on a commencé. Beaucoup d’évaluations sont, par exemple, des devoirs qu’il faut rendre en temps et en heure. La mémoire de travail leur fait défaut pour résoudre les problèmes, apprendre ce qui est dit en cours, prendre des notes et comprendre. Leur lenteur de traitement les handicape également.

Les enfants TDAH rencontrent un peu plus de difficultés avec le langage oral expressif que les autres enfants, ainsi que beaucoup de difficultés avec l’acquisition du langage écrit : la prévalence de la dyslexie est plus fréquente (25 %) que dans la population normale (6 %). Près de 25 % des enfants TDAH rencontrent des difficultés à lire et écrire, non comme conséquence de leur trouble, mais comme trouble associé. Une évaluation des apprentissages et du langage est donc nécessaire chez ces enfants, et un traitement rééducatif sera indispensable parallèlement au traitement pour l’hyperactivité et les troubles de l’attention. La présence d’une dyslexie ou dysorthographie co-morbide augmente en effet considérablement les risques d’échec scolaire.

Les fonctions exécutives sont impliquées dans le contrôle attentionnel pour la flexibilité cognitive : il faut pouvoir déplacer son attention rapidement et sans se perdre en route. L’attention est également primordiale. Encore une fois, les enfants les plus en difficulté ne sont pas ceux qui sont le plus hyperactifs : ils peuvent ne pas tenir en place mais ne rien avoir perdu des propos tenus, alors que d’autres restent assis mais ne peuvent maintenir leur attention et pensent totalement à autre chose. Les enfants présentant un TDAH ont beaucoup de difficultés à s’organiser et à s’investir dans des tâches prolongées :

  • il faut découper les travaux en petite séquence.
  • Ils ont besoin d’être supervisés et encadrés.
  • Enfin, l’enseignement des habiletés scolaires et sociales est indispensable quel que soit le traitement mis en place.

Les axes thérapeutiques sont multiples : il faudrait idéalement

  • augmenter leur temps d’attention,
  • améliorer leur flexibilité mentale,
  • les aider à mémoriser et
  • s’organiser dans le temps et
  • favoriser leurs relations sociales.

Il est donc nécessaire de hiérarchiser. La rééducation orthophonique devra prendre en compte toutes les particularités comportementales et cognitives des enfants TDAH.

En classe, pour éviter qu’ils soient trop distraits :

  • mieux vaut les placer au premier rang, à côté d’un enfant calme et bon élève, loin de toute distraction.
  • Les consignes doivent être courtes et claires.
  • Les enfants TDAH ne peuvent traiter qu’un exercice à la fois : on le découpera en modules courts.
  • Il faut les aider à réussir : rien n’est plus frustrant pour les enfants que de voir leurs devoirs non notés parce qu’ils ne sont pas terminés ou qu’ils ne sont pas sous la bonne forme.
  • S’ils doivent être supervisés, on leur laissera suffisamment d’autonomie pour qu’ils puissent se corriger.

S’agissant de l’impulsivité, il faut apprendre à l’élève à adapter son comportement aux différentes situations de la classe, par exemple

  • lever le doigt avant de prendre la parole, et attendre son tour.
  • Un minuteur peut être utilisé pour la gestion du temps : ils sont alors dans l’attente de ce qui vient.
  • Il faut préparer les élèves pour les transitions d’un travail à l’autre, les changements de classe, etc.

Les stratégies d’observation sont cruciales pour optimiser le temps d’attention. Il faut leur apprendre à observer de façon méthodique, complète et précise,

  • par un balayage visuel organisé.
  • On doit sélectionner l’essentiel et ne pas les laisser se perdre dans les détails.

Enfin, la flexibilité cognitive est nécessaire pour résoudre des problèmes, non seulement mathématiques mais aussi de la vie courante : il faut savoir changer de point de vue ; une solution qui n’est pas la meilleure doit être mise de côté pour passer à autre chose.

S’agissant de l’organisation, il faut les aider à éviter les dispersions, par exemple avec

  • un cahier ayant une page par jour et en rangeant les choses correctement ;
  • on peut également travailler sur l’organisation du cartable.

Ces enfants éprouvent des difficultés à garder de bonnes relations avec leurs pairs parce qu’ils ont des comportements impulsifs.

  • Il faut énoncer des règles de vie,
  • mettre en avant les comportements socialement adaptés et
  • expliquer pourquoi les autres peuvent être froissés.

On peut essayer d’améliorer certains points. Ainsi, il est important de relever quand l’enfant se comporte bien : ces enfants ont besoin d’être complimentés fréquemment. Quand le comportement est inadapté, on essaie de trouver ce qui ne va pas et d’identifier avec l’enfant des éléments qui puissent l’aider à aller mieux et reproduire les comportements les plus adaptés.

Tout ceci est fait pour aider l’enfant à mieux comprendre ce qu’il ressent, ce que ressentent les autres par rapport à lui, et ainsi être mieux adapté sur le plan relationnel et social. Il faut aussi faire attention à l’humeur de l’enfant, souvent déprimé. Il est important de le rassurer. Si la situation devient ingérable, il faut apprendre à l’enfant à « laisser tomber », tout comme l’adulte doit apprendre à décrocher quand il est exaspéré.

Pour conclure, il est important de ne pas trop donner trop d’informations à la fois, savoir que les apprentissages sont compliqués, valoriser l’enfant et lui donner des tâches qu’il est capable d’accomplir. Il n’existe pas de recettes miracles, mais connaître un peu le trouble de l’enfant permet de le comprendre. Il faut analyser là où il peut être meilleur, lui donner les outils, s’adapter et adapter aux difficultés de l’enfant pour lui donner les meilleures chances d’apprendre différemment des autres.

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