L’adulte TDAH

Assemblée générale 2006

Les addictions. Rapports avec le TDAH

, par Lucia Romo

Madame Romo constate l’abondance de la littérature sur la question des addictions. Beaucoup de patients TDAH viennent consulter, au départ, pour un problème d’addiction. Les études montrent d’ailleurs une fréquence élevée de TDAH chez les personnes dépendantes à l’alcool, au tabac ou à la drogue, singulièrement le cannabis.

On sait aujourd’hui qu’une personne TDAH ayant suivi un traitement médicamenteux dans l’enfance est globalement moins exposée à une addiction éventuelle à l’âge adulte.

En parallèle, il existe un risque doublé de présenter un TDAH chez les personnes dépendantes, quelle que soit la substance addictive en cause.

Par conséquent, il est impératif de s’occuper, dès l’enfance, des sujets TDAH si on veut éviter, à l’âge adulte, des complications, notamment dans le domaine de l’addiction.

Concernant la dépression, on sous-estime le TDAH masqué par la dépression.

Chez les bipolaires, une étude est en cours en vue de déterminer la présence des critères de TDAH dans l’enfance de ces patients.

La consommation de cannabis est souvent très importante chez les sujets TDAH. Il convient donc d’inclure systématiquement ce questionnement lors de la consultation d’adolescents ou d’adultes suspectés de TDAH. Sachant que la consommation de cannabis, souligne Madame Romo, est « une porte d’entrée à d’autres dépendances ».

Les parents doivent comprendre l’état de l’adolescent ; une « prévention primaire » doit pouvoir s’exercer au sein de la famille ; en effet, une consommation avant l’âge de 15 ans constitue toujours un signe d’alerte important.

Les parents et adolescents, les adultes TDAH, déclare Madame Romo, trouveront une première aide utile dans le document : « 50 trucs de gestion du déficit d’attention de l’adulte », in Edward M. Hallowell, M.D. et John J. Ratey, M.D. Droits Réservés, 1992. Ce document est disponible sur le web. Madame Romo souligne qu’il s’agit d’un bon document pour réfléchir à une amélioration de son comportement.

Quoi qu’il en soit, un travail sur les émotions, qu’il convient d’identifier et de nommer avant de s’efforcer de les contrôler, est fondamental. En effet, le besoin de sensations fortes motive souvent l’addiction, notamment à l’alcool (Cf. conférence professeur Lejoyeux, congrès PSY & SNC, novembre 2005).

Trois mythes persistent concernant le TDAH, nous confie Madame Romo :

  • « c’est une maladie inventée » ;
  • « cela ne concerne que les enfants » ;
  • « les parents n’éduquent pas bien leurs enfants ».

Un projet de groupe thérapeutique consacré au TDAH en rapport avec l’addiction a été mis en œuvre au CHU Louis Mourrier.
Ce groupe comportait 117 patients hospitalisés ; sur ces 117 patients, 77 présentaient une dépendance.

A noter que dans ce groupe, les patients TDAH sont plus souvent réticents à arrêter l’addiction. Que le cannabis est consommé plus souvent chez les patients TDAH. En revanche, on note également une présence moindre de personnalités antisociales que dans les études américaines similaires.

Madame Romo conclut : « Répétons que si on traite tôt le TDAH, on a moins de risque d’addiction à l’âge adulte ». La prise en charge des deux troubles, addiction et TDAH, s’impose néanmoins dans tous les cas.

P.-S.

Conférence de Madame L. Romo, psychologue clinicienne, lors de l’assemblée Générale 2006. Thème : les rapports entre les addictions (alcool, tabac et cannabis notamment) et le TDAH…
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