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Le Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité, un enjeu de santé publique Pr Eric TAYLOR

, par Pr Eric TAYLOR

Le Pr Eric TAYLOR, professeur émérite au King’s College de Londres, débute son intervention par la demande des familles vis-à-vis du TDAH : elles souhaitent que leurs enfants soient mieux acceptés, que le système éducatif prenne en compte ce trouble et, dans certains cas, qu’il soit traité. Or beaucoup encore voient dans le TDAH un alibi : le problème proviendrait en réalité des parents, de l’école ou de la télévision. Ce serait un trouble bénin, spécifique aux enfants, et dont ceux-ci émergeraient en devenant adultes. D’autres encore estiment que l’on surmédicalise ce qui ne serait qu’un comportement naturel de l’enfant.

Les lignes directrices N.I.C.E. de 2008 ont permis de conclure que le TDAH était un trouble psychiatrique valide, pour lequel des traitements efficaces sont disponibles. Des études ont également montré qu’on ne guérissait véritablement pas du trouble en grandissant, mais que des problèmes subsistaient : tendances suicidaires, délinquance, etc. – ce qui pose le problème du traitement à l’adolescence et à l’âge adulte, alors que les demandes de l’environnement mais aussi les caractéristiques du sujet évoluent.

Une étude menée sur le quartier londonien de Newham a porté sur des groupes de garçons âgés de 7 ans qui ont été suivis sur une période de 10 ans. Elle montre que les enfants ne guérissent pas spontanément du TDAH en devenant adultes. Or cette pathologie peut donner lieu non seulement à une hyperactivité mais aussi, à l’adolescence, à des troubles du comportement et à des comportements agressifs et antisociaux. Lors de cette transition, la réaction émotionnelle de la famille et l’appartenance ou non à un groupe de pairs jouent un rôle déterminant sur l’apparition ou non de complications.

Plusieurs conclusions ressortent de cette étude. D’un point de vue pratique, le TDAH devrait être considéré comme un trouble chronique. Il devrait donner lieu à un accompagnement des adultes ou à des traitements ; les enfants devraient recevoir une éducation adaptée. L’étude montre également que les filles sont sous-diagnostiquées par rapport aux garçons. Enfin, la diminution de l’hyperactivité n’est que l’une des facettes du traitement.

Le TDAH est une pathologie organique : l’altération de certaines parties du cerveau, comme le cortex frontal, peut être diagnostiqué par l’imagerie IRM. La comparaison de vrais jumeaux met également en évidence l’héritabilité du trouble ; inversement, elle montre que l’environnement social n’a qu’une importance très réduite. En revanche, la reconnaissance du trouble varie suivant les sociétés.

Pour conclure, la science est en mesure de dire que le TDAH est un problème organique, aux déterminants complexes, qui n’est pas affecté par l’environnement social comme la durée d’audience de la télévision. Il est encore largement sous-diagnostiqué dans la plupart des pays européens, même si la reconnaissance du trouble évolue favorablement.

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