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Le Prix HyperSupers 2011 Sarah Le Rocheleuil

, par Christine Gétin, directrice

Dépistage et prévalence du trouble de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez les adultes suivis pour un trouble addictif

Auteurs :

  • Sarah Le Rocheleuil : Psychologue clinicienne, Unité de Traitement Ambulatoire des Maladies Addictives (UTAMA), CHU Beaujon (APHP) / Doctorante à l’université Paris Ouest Nanterre-La Défense.
  • Lucia Romo : Maitre de conférences à l’université Paris Ouest Nanterre-La Défense, Département de Psychologie.
  • Sylvain Balester-Mouret : PH, Unité de Traitement Ambulatoire des Maladies Addictives (UTAMA), CHU Beaujon (APHP).
    Philippe Batel : PH, responsable de l’Unité de Traitement Ambulatoire des Maladies Addictives (UTAMA), CHU Beaujon (APHP).

Intérêt de l’étude :

Le TDA/H est un trouble essentiellement reconnu et étudié chez l’enfant. Bien qu’un intérêt croissant se porte aujourd’hui sur la persistance de ce trouble à l’âge adulte, celui-ci reste encore largement sous-évalué à cette période de la vie. La présence de symptômes du TDA/H à l’âge adulte semble pourtant encore associée à une part de souffrance et à l’apparition d’un ensemble de conséquences négatives. Le TDA/H représente notamment un facteur de risque dans le développement et le maintien des pathologies addictives. Cette étude vise ainsi à favoriser un meilleur repérage du TDA/H au sein de structures spécialisées dans la prise en charge de problèmes addictifs. Une meilleure visibilité de la prévalence de patients atteints de TDA/H au sein de ce type de structures, ainsi que des conséquences de cette association comorbide sur les patients et la sévérité de leurs troubles pourraient permettre un ajustement des prises en charge proposées aux patients faisant face à ce double diagnostic.

Méthodologie :

Ce projet est réalisé au sein de l’Unité de Traitement Ambulatoire des Maladies Addictives (UTAMA) au CHU Beaujon. La démarche diagnostique se fait par l’utilisation d’instruments validés comme l’échelle rétrospective d’hyperactivité durant l’enfance (WURS), l’échelle de déficit d’attention de Brown (ADD) et l’échelle de dépistage de l’hyperactivité à l’âge adulte (ASRS), ainsi que par une vérification du trouble selon les critères DSM-IV-TR. Une évaluation de la symptomatologie de l’Axe I à travers un entretien semi-structuré et des échelles d’évaluation (MINI, MINI-Screen, HAD) mais aussi de l’estime de soi (SEI) et de la satisfaction de vie (SWLS) de ces patients a également été mise en place.

Résultats :

L’évaluation par les auto-questionnaires suggère que 32% des adultes suivis pour un trouble addictif auraient présenté les symptômes d’un TDA/H durant l’enfance, et que ce trouble se manifesterait encore à l’âge adulte chez 25,3% des personnes interrogées. Toutefois, le diagnostic n’a pu être confirmé par les critères du DSM-IV-TR que chez 37,5% des adultes dépisté positif d’après les auto-questionnaires.
Cette discordance entre les différents outils d’évaluation souligne les difficultés liées au repérage du TDA/H chez l’adulte et invite à se demander s’il faut remettre en cause la qualité des auto-questionnaires auprès de cette population spécifique ou bien la pertinence de l’adaptation des critères du DSM-IV-TR au fonctionnement de l’adulte.

Il apparait, par ailleurs, que les personnes ayant un TDA/H et suivies pour un trouble addictif sont essentiellement en proie à des difficultés attentionnelles et de gestion de la vie affective. Ceci reste vrai aussi bien dans l’enfance qu’à l’âge adulte.

On repère également une plus grande fréquence de troubles anxieux et dépressifs chez ces patients que chez les autres usagers. De même, la qualité de l’estime de soi apparait globalement inférieure à celle de la population générale. Le profil de consommation de substances se distingue de celui des autres patients par un début plus précoce de consommation d’alcool et de cigarettes ainsi qu’une consommation plus fréquente d’opiacés, d’amphétamines, de cannabis et de sédatifs au cours de leur vie.

L’ensemble de ces données souligne l’importance de réfléchir aux meilleures méthodes de repérage du TDA/H parmi les patients suivis en centres d’addictologie et de développer des interventions adaptées à cette association comorbide.

Perspectives :

  • Poursuite du dépistage du TDA/H parmi les patients consultant au sein de l’UTAMA.
  • Constitution et évaluation d’un groupe de Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC) centré spécifiquement sur l’association comorbide entre TDA/H et troubles addictifs.

Mots Clefs :

Trouble de l’attention/ hyperactivité (TDA/H) ; Troubles liés à l’usage de substances ; Dépistage.

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