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Journée Ribot-Dugas

Imagerie et TDAH - M. L. Galineau, Tours

, par M. L.aurent Galineau

L’imagerie médicale (IRM anatomique, IRM fonctionnelle, scintigraphie (PET/SPECT)) peut permettre de mieux comprendre comment fonctionne le cerveau des patients atteints de TDAH et les mécanismes d’action des thérapeutiques, voire d’en développer de nouveaux.

Parmi les études réalisées, l’imagerie par IRM anatomique a permis de montrer que les patients TDAH présentaient une baisse reproductible du volume cérébral de 3 à 5 % dues aux altérations structurales de certaines structures du cerveau (cortex, cervelet, ganglions de la base).

Toutes ces régions sont reliées entre elles par des réseaux connexions corticaux-sous-corticales qui modulent de nombreuses fonctions dont le contrôle moteur, l’allocation des ressources attentionnelles ou le shifting attentionnel potentiellement perturbées chez les sujets TDAH.

Des études d’imagerie fonctionnelles ont cherché à savoir si altérations structurales s’accompagnaient de perturbations du fonctionnement de ces régions cérébrales.

La plupart des études réalisées suggèrent une hypofonction des cortex frontaux et pariétaux, des ganglions de la base, du thalamus et du cervelet. Cependant, des études contradictoires montrent que des sujets TDAH peuvent présenter un hypermétabolisme dans ces mêmes régions.

Ces résultats complexes suggèrent fortement que la population TDAH est hétérogène ce qui n’est pas pris en compte par la plupart des études d’imagerie réalisées jusqu’à maintenant. Ceci va dans le sens de nombreuses études montrant que les patients TDAH peuvent être divisés sur le plan comportemental en différents soustypes comme ceux définit ar le DSM-IV (ADHD-PI, patients avec des troubles de l’attention ; ADHD-HI, patients hyperactifs-impulsifs ; ADHD-C, patients avec troubles de l’attention, hyperactivité et impulsivité).

Il peut donc être supposé que chaque sous-type de patients TDAH présentent des altérations distincts au niveau des réseaux corticaux-sous-corticaux. Cette hétérogénéité peut aussi provenir de l’existence de différents réseaux dysfonctionnels pouvant aboutir à des troubles attentionnels ou aux autres symptômes du TDAH. Dans l’avenir, l’imagerie pourrait aussi permettre de révéler l’existence de déficits attentionnels distincts du profil typique TDAH dans certaines affections de l’enfant.

L’imagerie médicale permet aussi l’étude des effets et le suivi des thérapeutiques :

Les études d’imagerie sur les thérapeutiques se sont focalisées sur le méthylphénidate en cherchant tout d’abord à déterminer les cibles cérébrales de ce médicament.

L’imagerie scintigraphique est l’outil de choix pour ce type d’étude car il est possible de marquer le méthylphénidate avec de la radioactivité ce qui permet de voir grâce à une caméra scintigraphique où le méthylphénidate radioactif s’accumule dans le cerveau.

Ces travaux ont permis de montrer la fixation du méthylphénidate dans les ganglions de la base en partie au niveau du transporteur de la dopamine.

La ritaline bloquant cette protéine, il a été suggéré que les patients TDAH pourraient avoir des taux de transporteurs dopaminergiques en plus grande quantité que des sujets témoins.

Cette hypothèse n’est pour l’instant pas confirmée dû à la disparité des résultats des études entreprises sur ce sujet.

Sachant que le méthylphénidate se fixe dans les ganglions de la base qui font parti des réseaux cortico-sous-corticaux, des travaux ont été entrepris pour déterminer l’action du méthylphénidate sur ces réseaux.

Les résultats d’imagerie fonctionnelle montrent clairement que le méthylphénidate augmente l’activité des structures de ces réseaux (cortex frontal, ganglions de la base, thalamus et cervelet). A cet égard, l’étude des nouvelles molécules dans les prochaines années sera très intéressant.

Il existe encore beaucoup d’inconnues sur le TDAH. Il est donc crucial de réaliser des études comparatives d’imagerie médicale, qui reste un outil non invasif de choix pour mieux comprendre les réseaux cérébraux impliqués dans les symptômes des patients, étudier les effets et le bénéfice des thérapeutiques disponibles, voire un jour en guider le choix ?

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