L’adulte TDAH

Comorbidités du TDAH de l’adulte

, par Christine Gétin, directrice

Les patients présentant un TDAH sont plus susceptibles de présenter un autre trouble psychiatrique, mais également certains troubles somatiques.

De 65 à 89% des personnes avec TDAH présentent de un à deux troubles associés [1].

Les personnes présentant un type de TDAH mixte sont plus susceptibles de présenter un trouble externalisé comme le trouble des conduites ou l’abus de substances que celles présentant un TDAH de type inattentif. [2]
Le TDAH de forme inattentive est plus souvent associé à des troubles anxieux, ou des troubles du sommeil

Parmi les comorbidités les plus fréquentes, on peut citer les troubles : de l’humeur (dépression), anxieux, le trouble du spectre de l’autisme, le trouble des conduites ou d’abus de substance, les troubles du comportement alimentaire ainsi que les troubles de la personnalité antisociale et borderline. Les hommes présentent plus souvent un trouble de la personnalité antisociale et un plus fort niveau d’abus de substance, que les femmes avec TDAH, qui elles sont plus sujettes à présenter un trouble panique et un trouble du comportement alimentaire tel que anorexie ou boulimie et une personnalité borderline [3].

Dépression, troubles de l’humeur

Au cours de leur vie, 35 à 50% des adultes présentant un TDAH ont eu un épisode dépressif, ce risque est plus élevé qu’en population générale où il est de 15%. Toutefois, les publications sur le sujet considèrent dans la majorité des cas, les épisodes dépressifs comme l’expression d’un découragement de la personne ayant un TDAH, une conséquence du TDAH. Dans les cas d’épisode dépressif majeur, les symptômes de TDAH peuvent être la conséquence de la dépression. [4] L’étude conduite par le National Institut of Health (NIH) et publiée en 2006 donne un risque de 2,7 à 7,5 fois plus important de présenter des troubles de l’humeur si vous avez un TDAH par rapport à la populations sans TDAH [5].

Le trouble bipolaire

Concernant les troubles bipolaires, sa prévalence en population TDAH est estimée à 8% [6] alors quelle est inférieure à 1% en population générale, et comme la dépression, le trouble bipolaire est plus fréquent chez les femmes avec TDAH que chez les hommes avec TDAH

Troubles anxieux

Les études épidémiologiques rétrospectives évaluent au cours de la vie des personnes ayant un TDAH la comorbidité avec des troubles anxieux entre 30 et 45%, avec principalement la présence d’une phobie sociale, la présence de troubles anxieux généralisés varie de 10 à 45% selon les études. Les sujets présentant un trouble anxieux manifestent aussi souvent un trouble d’abus de substance et d’alcool, et sont plutôt de type inattentif. [7]. Par ailleurs les sujets présentant en comorbidité un trouble anxieux important sont plus susceptibles d’avoir une moindre performance de leur mémoire de travail. [8]. Les femmes sont plus susceptibles que les hommes TDAH de présenter un trouble anxieux. [9]

Pour les troubles anxieux l’étude du NIH retrouve un odd-ratio (voir ps en fin d’article) qui va de 1,5 à 5,5. [10]

Abus de substance

La présence d’un trouble de l’abus de substance est évaluée à 35% en population TDAH ( [11] et la prévalence du TDAH entre 25 et 35% en population ayant un trouble de l’abus de substance, soit un risque d’abus de substance en population TDAH deux fois plus élevé qu’en population générale. [12]. L’étude du NIH retrouve un rapport qui va de 1,5 à 7,9 fois plus de risque concernant les troubles d’abus de substance en population TDAH. [13] Une étude en population suédoise décrit un risque de présenter un trouble d’abus de substance 9,7 fois supérieur en population TDAH par rapport à la population générale. [14]

Une méta-analyse met en évidence l’association du TDAH de l’enfant avec l’usage de nicotine à l’adolescence et la consommation d’alcool et d’autres drogues à l’âge adulte, et l’usage régulier de tabac à l’adolescence est l’un des meilleurs prédicteurs de l’usage de substance chez l’adulte. [15].

Une meta-analyse de 2017 souligne que les enfants avec TDAH qui présentent également un trouble de l’opposition avec provocation, un trouble des conduites ou une dépression sont plus à risque de développer un trouble de l’abus de substance. [16]

La consommation de stimulant tels que les psychostimulants, la nicotine, la cocaïne correspondrait à une recherche temporaire d’amélioration des performances cognitives. La consommation de marijuana, d’alcool et d’opiacés expliquerait plus une recherche pour réduire les difficultés de régulation émotionnelle, la sensation d’agitation intérieure, l’excès d’éveil. [17]

Troubles du comportement alimentaire (TCA)

Les personnes qui présentent un TDAH sont plus susceptibles de développer un trouble du comportement alimentaire, une méta analyse portant sur 12 études réalisée en 2016 met en évidence un risque multiplié par 3,8 de développer un TCA en population TDAH, alors que le risque de présenter un TDAH en population TCA est lui multiplié par 2,5. Les troubles du comportement alimentaire comprennent l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie boulimique. [18]

Troubles de la personnalité

Si durant l’enfance on estime que la moitié des patients atteints de TDAH présente un trouble de l’opposition avec provocation (TOP) et qu’un sur deux a un trouble des conduites. Chez les adultes on parle plutôt de comportements perturbateurs ou de personnalité antisociale ou borderline. [19]

La prévalence des troubles de la personnalité antisociale en population TDAH se situe autour de 20% contre environ 2% en population générale. [20]

Selon R. Klein c’est la persistance et la sévérité des symptômes du TDAH qui augmentent le risque de développement d’une personnalité antisociale, plus que la présence d’un trouble de l’opposition durant l’enfance [21]. Cependant la présence d’un trouble des conduites durant l’enfance prédispose au développement d’une personnalité antisociale à l’âge adulte. (Sobanski, 2006)

Le trouble de la personnalité borderline est aussi assez fréquent en population TDAH, on considère que la présence du TDAH expose au risque de développement d’une personnalité borderline. Ce risque est plus élevé lorsque le patient a présenté un trouble des conduites durant l’enfance. [22]

Le trouble explosif intermittent est un trouble fréquemment associé au TDAH, l’étude NIH donne un odd-ratio à 3,7 concernant ce trouble. [23]

Troubles du sommeil

Parmi les patients ayant un TDAH, les études évaluent la comorbidité des troubles du sommeil chez 30% des enfants et 60 à 80% des adultes. Les troubles du sommeil souvent identifiés sont : la somnolence diurne, le syndrome de retard de phase de sommeil, le sommeil fractionné, le syndrome des jambes sans repos, et les troubles respiratoires du sommeil. [24]

Une méta- analyse de 2020 portant sur des enregistrement du sommeil, ne note pas de différence notable du sommeil chez les personnes TDAH. Cependant, la latence d’endormissement était plus grande en cas de TDAH et l’efficacité de sommeil modérément inférieure. [25]

Autres troubles somatiques

Les personnes atteintes de TDAH sont plus à risque d’obésité, d’asthme, d’allergies, de diabète sucré, d’hypertension artérielle, de troubles du sommeil, de psoriasis, d’épilepsie, d’infections sexuellement transmissibles, d’anomalies de l’oeil, de trouble immunitaires et de troubles métaboliques.

P.-S.

ODD-RATIO : c’est la probabilité d’avoir un trouble associé en l’occurence ici dans la population mentionnée. Exemple : Pour les troubles anxieux l’étude du NIH retrouve un odd-ratio qui va de 1,5 à 5,5, donc les personnes qui ont un TDAH ont de 1,5 à 5,5 fois plus de risque de présenter un trouble anxieux que des personnes n’ayant pas un TDAH.

Beaucoup de références sont issues de la DÉCLARATION DE CONSENSUS INTERNATIONAL DE LA
FÉDÉRATION MONDIALE DU TDAH
Stephen V. Faraone & al 2021

Notes

[1Sobanski, E. (2006). Psychiatric comorbidity in adults with attention-deficit/hyperactivity disorder (ADHD). Eur Arch Psychiatry Clin Neurosci, 256 Suppl 1, i26-31. doi : 10.1007/s00406-006-1004-4

[2Miller, Nigg, & Faraone, 2007

[3Cumyn et al., 2009

[4Sobanski, 2006

[5Kessler et al., 2006

[6Schiweck, C., Arteaga-Henriquez, G., Aichholzer, M., Edwin Thanarajah, S., Vargas-Caceres, S., Matura, S., . . . Reif, A. (2021). Comorbidity of ADHD and adult bipolar disorder : A systematic review and meta-analysis. Neurosci Biobehav Rev, 124, 100-123. doi:10.1016/j.neubiorev.2021.01.017

[7(Sobanski, 2006)

[8(Jarrett, 2013)

[9(Chen et al, 2018)

[10(Kessler et al., 2006)

[11Chen et al, 2018)

[12(Sizoo et al., 2010 ; Sobanski, 2006)

[13(Kessler et al., 2006)

[14(Chen et al, 2018)

[15(Charach, Yeung, Climans, & Lithe, 2011)

[16Groenman et al., 2017

[17(Gudjonsson et al., 2012)

[18Nazar et al., 2016

[19(Sobanski, 2006)

[20(Sobanski, 2006)

[21(Klein et al., 2012)

[22(Torok, Darke, & Kaye, 2012)

[23(Kessler et al., 2006).

[24(Yoon, Jain, & Shapiro, 2012)

[25(Lugo et al., 2020)

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