L’adulte TDAH

Témoignage : Olivier Une histoire TDA + point de vue

, par Olivier

Bonjour,

J’ai été diagnostiqué TDA il y a maintenant un an et demi. Voila donc mon histoire !

Je suis âgé de 41 ans maintenant et ma vie a réellement changé depuis cette découverte il y a maintenant 2 ans.

Traité de pierrot de le lune dans mon enfance puis de planeur durant mon adolescence, J’avais aussi ce caractère impulsif qui m’amenais à faire pas mal de bêtises. Ceci dit , je ne me reconnais pas dans le terme « Hyperactif » et dans les reportages que l’on voit à la télévision sur les enfants TDAH d’aujourd’hui, ce qui a retardé ma prise de conscience sur ce sujet.
Après un peu de recul, la raison me parait maintenant très simple :
Je fais partie de la catégorie déficit d’attention sans hyperactivité ou encore « rêveur de jour » , cela concerne je crois plus généralement les femmes TDA mais ça doit être mon (petit) coté féminin ! .
Sans vouloir apporter un jugement, l’éducation il y a 30 ans n’avait rien avoir avec celle d’aujourd’hui et les baffes quotidiennes que je prenais à cette époque ont fait que j’étais et suis encore un garçon finalement assez discipliné …

J’étais relativement renfermé et j’avais peu d’estime de moi-même jusqu’au début de l’age adulte. Par chance , j’étais studieux et de plus motivé par les sciences physiques, cela a compensé mon coté distrait et désorganisé et j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur en informatique.
Ce n’est pas par hasard si j’ai choisi ce métier, de même si j’ai changé 8 fois de jobs durant mes 16 premières années de travail. J’ai essayé tous les types de postes ( de commercial à manager en passant par consultant/formateur) + une expérience de création d’entreprise de service.

Au travail, je contrôle assez bien mon impulsivité. Mon sens du devoir et la discipline que j’ai reçu de mon éducation compense ce besoin de faire uniquement des choses excitantes pour garder la motivation. L’hyper focalisation que l’informatique exerce sur moi joue en ma faveur. Le trouble de l’attention s’exerce en effet dans les 2 sens et si on a la chance de focaliser sur des choses utiles, on peut aller loin. Mon sens de la créativité (souvent présente chez les TDA) est un bon allié aussi. Comme un certain nombre d’adultes TDA, je me suis réfugié dans le travail puisque c’était le seul endroit ou j’avais de la reconnaissance (bien que j’avais toujours l’impression de ne pas en faire assez). Je crois que mes supérieurs étaient toujours désolés que je parte si vite !

J’ai essayé la voie hiérarchique mais les postes de management que j’ai eu me demandaient trop d’organisation et trop d’attention sur une multitudes de détail. De plus de nombreuses taches n’étaient à mon goût pas très motivantes comme le coté administratif de la gestion d’une équipe. Récemment, j’ai mis au placard toute idée de carrière conventionnelle et aujourd’hui, grâce à la connaissance du TDA, je suis consultant à mon compte, et je revis (pour l’instant du moins !). Je peux varier mes activités à mon grés pour être toujours motivé et concentré.

En dehors de ma vie professionnelle qui me sourie finalement assez, ma vie sentimentale n’est une réussite puisque je ne me suis jamais fixé plus de 2 ans avec une femme, avec de nombreuses périodes de solitude. Là par contre, mon incapacité à accepter la routine, mon impulsivité dans la relation à deux, n’a pas joué en ma faveur. Socialement parlant, je suis de bonne compagnie je crois mais je ne suis pas un trés bon participant dans un groupe sur le long terme. J’ai gardé ce coté solitaire et ce besoin de changer d’air très souvent, ce qui n’est pas sans poser des problèmes. J’ai longtemps été partagé entre l’ennuie et des activités à risque. J’entrevois maintenant un nouvel equilibre avec ma connaissance du TDA et donc de moi.

Mais les symptomes classique du TDAH sans Hyperactivité (distraction, manque de planification, désorganisation, pertes d’objets, procrastination, impulsivité, sensibilité extreme, humeur changeante, fatigue, … je pourrais en faire une page) font que cela reste un combat de tous les jours. J’ai tout de meme l’impression d’avoir un vie finalement assez passionnante !

Voici maintenant mon point de vue sur ce trouble, opinion que je me suis forgé après 2 ans de recherche personnelle, aidé par un spécialiste, quelques réunions ou échange entre adulte TDAH en Suisse ou dans ma ville à Grenoble, et une dizaines de livres sur le sujet TDA adulte , la plupart américains. Vu la complexité de ce trouble, je reste très modeste dans la connaissance que j’en ai, et donc très ouvert à toutes nouvelles informations, critiques ou autres points de vue.

Si j’ai bien compris donc, pour la psychiatrie moderne le trouble de l’attention est une nouvelle vision transversale dans la longue liste des troubles de l’humeur et de la personnalité. Le TDA chez les adultes était (et est toujours en France) réparti dans plusieurs autres familles (dépression, anxiété, TOC, fatigue chronique, dépendance aux substances, alcoolisme …). du fait de ces comorbidités souvent associés . Pour les adultes qui n’ont pas de comorbidités aiguës, on parle seulement de personne distraites, impulsives ou d’humeur changeante. Et mêmes si certains ont des vies un peu gâchées à cause de cela, ce n’est pas dans l’optique de la médecine d’améliorer leur bien-être … mais je crois que les choses bougent en France aussi, ce groupe de discussion en est une étape.

Le DSM 4 qui recense officiellement aux états-unis tous les troubles psychiques, en fait aussi un trouble à part entière pour les adultes. C’est normal car Il s’agit d’une condition neurologique (quelque chose comme une sous-activité du lobe frontal du cerveau causé par un manque en dopamine), héréditaire, évoluant plus ou moins bien avec le temps, et nous pouvons déjà bénéficier de la recherche qui beaucoup travaillé sur la question, surtout aux USA. Il existe dans ce pays des dizaines de sites Web et de livres sur le TDA adultes, on commence à trouver des traductions pour les éléments de base, + quelques sites Web et livres francophones mais essentiellement consacrés aux enfants.

Je pense que ce n’est pas inutile de s’informer sur le TDA enfants (surtout si l’on en a !) mais la nature du TDA est assez différente concernant les adultes. Cela pourrait néanmoins nous aider a comprendre notre parcours mais, en dehors d’une psychothérapie poussée, on n’a pas forcement des souvenirs objectifs sur notre enfance (nos parents non plus !).

Les spécialistes ont donc défini une liste de symptômes quasiment équivalents pour toutes les adultes affectés,même si nous avons mis au point des mécanismes plus ou moins heureux pour les résoudre ou les contourner. De même une série de conseils (par exemple http://www.tdah-france.fr/50-trucs-de-gestion-du-deficit-d.html) peuvent nous aider meme si certains sont triviaux et d’autres inaccessibles. Mais ce n’est pas simple car Il y a une irrégularité dans nos sensations et nos comportements, avec beaucoup de contradictions (hyper puis hypo activité, manque de concentration puis trop grande focalisation, inhibition puis impulsivité) bref tout et son contraire.

De plus, notre personnalité intrinsèque interfère plus ou moins bien avec ce trouble. Un point positif est que l’on retrouve dans les expériences TDA des success stories (professionnelle du moins) notamment des artistes, inventeurs ou des capitaines d’industrie voire des hommes politiques ( ces derniers savent certainement très bien s’entourer) qui se sont appuyés sur la composante créative ou hyperactive du TDAH. La remise en cause permanente qu’ils se sont fait sur eux-même leur a certainement permis de réussir. Tout comme nous , ils sont distraits, spontanés, toujours sur la corde raide mais ils transforment tout ça en énergie positive.

Je crois qu’une meilleure connaissance de ce syndrome est pour nous tous très avantageuse. Elle permet d’abord de déculpabiliser sur nos tares qui nous agacent ainsi que nos proches (manque d’écoute ou de participation, procrastination, gaffes, échecs successifs ..). Ensuite elle permet de mieux nous connaître, le TDA est en effet complexe, et même si l’on a compris depuis longtemps que l’on est différent des autres, on a du mal à se décrire sans se noyer dans des détails. Il y a les conseils que l’on peut trouver par exemple au travers d’un groupe TDA , rien n’est meilleur que d’écouter le parcours d’une personne qui a beaucoup de handicaps communs avec soi.

Il y a les thérapies avec des spécialistes encore peu nombreux chez nous, mais j’ai entendu récemment que certains psychiatres francais se prennent en main et vont faire des propositions pour les adultes au moins en ce qui concerne le diagnostic qui n’est pas officiel aujourd’hui. Enfin le traitement médicamenteux qui peut nous aider déjà dans un premier temps à assimiler toutes ces nouvelles informations grâce à une meilleure lucidité, et agir comme le starter ou le catalyseur du renouveau.

La ritaline évidemment qui est très spectaculaire pour les enfants TDA, et reste souvent relativement efficace à l’age adulte. Encore faut-il trouver le bon dosage et les bonnes périodes, ce n’est peut-être pas très raisonnable de la prendre à vie (mais c’est bien moins pire qu’une cafetière par jours, fréquent dans mon milieu). Personnellement je n’en prends pas lorsque mes activités me procure suffisamment de motivation pour soutenir mon attention (je m’en étais bien passé jusque là). Par contre cela aide pour passer des caps comme la prise de conscience de ce trouble. Mais je crois que le meilleur traitement est d’adapter notre vie à ce trouble, ce qui peut remettre en question toute une éducation et une pression de la société qui veut mettre tout le monde dans le même bateau de la réussite conformiste ou spectaculaire.

Dans le cas ou la déprime, la fatigue ou le découragement sont importants, les antidépresseur et notamment les plus récents comme la famille du prozac ou de l’effexor. J’ai parlé avec plusieurs médecins, à la dose minimum, ces molécules n’ont pas beaucoup d’effets secondaires et ce sont de bons modérateurs d’humeur, tellement changeante chez les TDA. Trés souvent, le médecin généraliste, même s’il ne connaît pas le TDA (il y a de fortes chances !), n’attend pas la depression pour prescrire une de ces molécules qu’il choisira en fonction de leur caractère plus ou moins stimulant ou sédatifs selon le cas de chacun et notamment son niveau d’anxiété. Au bout de quelques mois, une meilleure forme et le retour du goût de la vie améliorent du même coup la concentration sur les taches de tous les jours, et dans ce sens cela en fait aussi un traitement du TDA. Il y a une possibilité de mixer avec la ritaline mais est-ce que ce n’est pas trop !

Bon je crois que je vais m’arreter là, un forum n’est pas le meilleur support pour écrire un roman. Vous pouvez constater que c’est un sujet sur lequel je n’ai pas de problèmes de concentration … j’espère que j’aurai l’occasion de connaître mieux certains d’entre vous.

P.-S.

Témoignage extrait du « forum » Liste de discussion Yahoo Group
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