Le TDAH

TDAH et troubles des apprentissages TDAH et dys…

, par Elisabeth DEMONT

La dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie font partie de l’ensemble des troubles spécifiques des apprentissages. Ces troubles renvoient à l’ensemble des difficultés d’apprentissage ne pouvant être attribuées ni à un retard intellectuel, ni à un handicap sensoriel, ni à des conditions environnementales défavorables (cf. Rapport de l’INSERM paru en février 2007, dyslexie, dysorthographie et dyscalculie : bilan des données scientifiques). Il est important d’insister sur le fait que les facteurs environnementaux, par ex. linguistiques, socio-culturels, aggravent ou compliquent les troubles mais ne les génèrent pas. Les difficultés spécifiques des apprentissages seraient d’origine neurobiologique et s’avèrent inattendues compte tenu des autres aspects du développement. Elles apparaissent cependant très tôt dans la vie et persistent souvent jusqu’à l’âge adulte interférant ainsi avec l’inclusion sociale et scolaire.

La dyslexie se définit comme des difficultés spécifiques en lecture, plus particulièrement au niveau de la reconnaissance des mots avec une lecture lente, hésitante, saccadée et des erreurs de types confusions auditives (s-ch) ou visuelles (d/b), des inversions (or à ro) ou des omissions (arbre à arbe). Il est important de souligner que ce type d’erreurs peut être observé chez tout enfant en début d’apprentissage. Le problème est lié à leur persistance chez les enfants dyslexiques. Consécutivement à ses difficultés au niveau de la reconnaissance des mots, l’enfant peut manifester des difficultés de compréhension, par ex. des difficultés à retirer le sens du texte qu’il est en train de lire.

Les données scientifiques convergent pour expliquer la dyslexie par l’existence d’un déficit massif des compétences phonologiques, notamment déficit au niveau de la conscience phonologique définie comme la capacité à manipuler la structure phonologique du langage.

La dyslexie peut être isolée ou être associée à d’autres troubles développementaux :

La constellation des dys [issu de Habib (2004), in Metz-Lutz, M.N., Demont, E., De Saint Martin, A. & Seegmuller, C. (Eds) (2004). Développement Cognitif et Troubles des apprentissages : Evaluer, comprendre, rééduquer et prendre en charge. Editions Solal (p. 221)

La comorbidité avec un ou des troubles développementaux est fréquente comme peut en attester le recensement réalisé au Centre Référent des Troubles des Apprentissages :

Recensement des diagnostics dans un Centre Référent des Troubles des Apprentissages [Habib (2003). La Dyslexie à livre ouvert, Résodys]

Dans le cas fréquent de comorbidité entre difficultés spécifiques du langage et trouble déficit de l’attention (50 % des cas), il est observé un déficit commun de plusieurs processus cognitifs, plus particulièrement,

  • 1. déficit d’inhibition, d’attention et/ou de planification ;
  • 2. déficit au niveau de la mémoire verbale ou encore
  • 3. déficit métacognitif par ex. défaut de perception de ses difficultés de compréhension ; défaut de perception des lacunes et/ou incohérences d’un texte.

Les conséquences des troubles spécifiques des apprentissages sont variables en fonction du degré des troubles, de la précocité du diagnostic et de la remédiation mise en place, de la qualité du soutien familial et scolaire. L’absence de diagnostic et de prise en charge adaptée peut avoir comme conséquence :

§ Une inadaptation des attitudes de l’environnement familial et/ou scolaire, avec des réflexions malheureuses comme « il est paresseux » « il ne travaille pas ».

§ L’apparition de troubles émotionnels secondaires aux difficultés et à l’inadaptation des attitudes de l’environnement. Ces troubles émotionnels -tels faible estime de soi, sentiment d’infériorité, anxiété, faible intérêt pour la scolarité, conduite de fuite avec indiscipline, opposition- constituent autant de signes révélateurs de la souffrance de l’enfant, sans parler de celle de ses parents.

§ Des difficultés de plus en plus importantes avec un risque de difficultés scolaires généralisées et à terme un échec scolaire et un risque de mauvaise intégration sociale. Il s’avère en conséquence déterminant de mettre en place des aménagements scolaires indispensables pour ne pas pénaliser dans toutes les matières scolaires les enfants présentant un ou des troubles spécifiques des apprentissages.

Poser un diagnostic et mettre en place le plus précocement possible une prise en charge adaptée nécessitent :

§ de dépister le plus précocement possible en recensant notamment les signes prédictifs de risques de difficultés du langage écrit ;

§ d’évaluer non seulement les difficultés dans les apprentissages mais également les compétences attentionnelles, le degré d’hyperactivité, les symptômes psycho-pathologiques qui peuvent en résulter.

En conclusion, il convient de souligner l’importance d’une prise en charge de l’enfant dans sa globalité tant au niveau cognitif qu’au niveau de sa relation avec son environnement.

Elisabeth DEMONT

P.-S.

Professeur en Psychologie du Développement, Université Louis Pasteur, Faculté de Psychologie & des Sciences de l’Education, Strasbourg
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