L’adulte TDAH

Les traitements pharmacologiques du TDAH chez l’adulte

, par Dr Eric KONOFAL

Eric KONOFAL rappelle les précautions qui doivent entourer le diagnostic, avant toute démarche de traitement pharmacologique. Il convient d’insister, à cet égard, sur « l’aspect socio-éducatif » du diagnostic : que souhaite, concrètement, le patient adulte TDAH ? quels sont les différents éléments de son vécu qui l’amènent à remettre en cause ses symptômes ? enfin, quels sont les cibles, les objectifs thérapeutiques qu’il se fixe, sachant qu’en toute hypothèse ceux-ci seront à définir avec lui ?

Dans cette perspective, le rapport « Risques/Bénéfices » du médicament qui lui sera proposé, devra être soigneusement abordé. Eu égard, notamment, à son environnement scolaire s’il s’agit d’un jeune adulte étudiant ; professionnel s’il est déjà dans la vie active ; familial dans tous les cas.
L’impact du médicament sur le rapport « Veille/sommeil » devra lui aussi être expliqué. De même, il conviendra de déterminer si la famille doit être mêlée ou non à la démarche suivie par le patient.
La question qui doit être posée en priorité est la suivante : que souhaite changer le patient dans sa vie ?
Il conviendra, pour y répondre, de revenir sur les antécédents, identifier la nature et l’origine de la plainte, aller rechercher les troubles comorbides, et leur conférer leur « poids » exact par rapport aux objectifs de changement visés par le patient.
Enfin, Il est utile de s’intéresser à la nature des sources d’information auxquelles le patient se réfère, spontanément, pour tenter de cerner par lui-même son trouble. Afin de définir s’il dispose, de ce fait, d’une « bonne » information (ce sera le cas s’il s’est adressé à l’Association HyperSupers Tdah-France, qui diffuse une information de bonne qualité), ou d’une « mauvaise » information, puisée au hasard de ses recherches.
Une fois cela fait, la prescription peut intervenir. A noter qu’en France aucun traitement pharmacologique, aucun médicament spécifique n’est autorisé pour l’adulte TDAH.

Néanmoins, peuvent être prescrits :
• En première intention, le méthylphénidate (en raison également de son coût peu élevé). Sous les formes Ritaline ® ou Medikinet ®, à libération immédiate, ou Concerta ® à libération différée et prolongée.
• En deuxième intention, l’atomoxétine.
• En troisième intention, les antidépresseurs IMAO (Sélegiline ®), ou les éveillants (Modafinil ® ; à noter que cette molécule de l’éveil, issue de la narcolepsie, améliore l’attention) ; enfin, le buproprion ® d’une efficacité intermédiaire entre le méthyphénidate et l’atomoxétine.

La Ritaline ® présente un aspect biphasique, à libération immédiate et différée.
Le Concerta ® pour sa part présente un aspect d’augmentation, puis une phase de plateau précédant une redescente. Il s’agit dans les deux cas de la même molécule, mais avec, notamment, une pellicule de protection différente.
Enfin, le Quasym ® possède un effet mixte « Ritaline ®/ Concerta ® ».

Avant 2002, en France, seulement 300 adultes ont été répertoriés dans les essais cliniques.
La présence d’un cortège de symptômes parasitaires, tels que les troubles de l’humeur, doit conduire à rechercher d’autres solutions en terme de traitement pharmacologique.

Chez l’adulte, la prescription de méthylphénidate, sous les formes Ritaline ® ou Concerta ®, s’avère efficace dans 50 à 60 % des cas. A noter que si le patient fume, il répond souvent mieux au méthylphénidate en raison de la présence de nicotine dans le tabac. Parfois, la prise de méthylphénidate entraîne un appétit supplémentaire pour la cigarette.

Une étude américaine a mis en évidence que les anciens hyperactifs non traités (donc adultes) ont tendance à « s’automédiquer », singulièrement par l’abus de substances, telles que l’alcool.
A partir de cette constatation d’autres études ont été lancées, l’enjeu étant alors de trouver de nouveaux médicaments, « non psychostimulants », susceptibles de traiter les patients afin d’éviter ce recours à l’automédication.
On s’oriente plutôt, aujourd’hui, vers des produits agissant sur les fonctions cognitives.

Le Docteur Michel LECENDREUX souligne l’importance des recherches qui tendent à démontrer l’importance du fer dans le processus du TDAH. Enfin, bien plus qu’un traitement, c’est un diagnostic que le patient vient chercher, quête révélatrice de son « envie profonde d’être entendu ».

P.-S.

Dr Eric KONOFAL (Paris), conférence PSY SNC du 23 novembre 2005
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