Le TDAH

L’hyperactivité, un trouble petit à petit reconnu à l’école Par Philomène BOUILLON -PARIS, 9 déc 2005 (AFP)

Le trouble de l’hyperactivité, longtemps associé à un comportement de l’enfant « mal élevé » à l’école, commence doucement à être pris en charge en milieu scolaire, même si ses symptômes sont encore mal identifiés.

Submergée par les problèmes d’attention de son fils à l’école, une mère de famille du Val-d’Oise, Christine Gétin, a réagi récemment en créant une association et des livrets d’information inédits pour les enseignants.

Cette dernière initiative lui a valu d’être soutenue par le ministère de l’Education nationale et de pouvoir aider profs et parents "souvent perdus face à l’hyperactivité". Née en février 2002 et intitulée "HyperSupers - TDAH France (TDAH : trouble de l’attention/Hyperactivité)", son association compte aujourd’hui plus de 800 membres.

"Pour mon fils j’ai mis 15 ans à savoir quel était le problème. » raconte Christine Gétin.
Celle-ci a donc lancé pour les enseignants, avec l’aide de pédopsychiatres et de l’inspection académique, un livret "TDAH et l’école", édité l’an passé pour la première fois à 10.000 exemplaires.

"Nous avons réimprimé le livret cette année avec 10.000 exemplaires nouveaux. Dedans, nous expliquons aux enseignants les caractéristiques des troubles, les difficultés d’apprentissage des enfants et leur donnons des techniques pour les aider", ajoute Mme Gétin.

"L’école est très demandeuse de ce type d’informations" a-t-elle ainsi constaté. Pour faire circuler ses livrets, elle passe aussi par les médecins scolaires, qui se sont impliqués à leur tour.

Quand un trouble TDAH est décelé, "la médecine scolaire, l’enseignant, le directeur d’école et les parents signent un plan d’accueil individualisé (PAI), un protocole également utilisé pour les enfants handicapés", explique le Dr Renée Clavaud, conseillère technique à l’inspection académique du Val-d’Oise et responsable départementale des médecins scolaires.

"Les PAI permettent un meilleur accueil, notamment médical. L’hyperactivité commence à être mieux reconnue même s’il reste un travail à faire avec la médecine scolaire dans le cadre de la formation continue", ajoute le Dr Clavaud.

Elle-même s’implique beaucoup dans la prise en charge des enfants TDAH. Elle dirige par exemple un groupe de pilotage intitulé "Groupe Dys" ("Dys" pour dyspraxie, dyslexie, etc.) afin de diffuser l’information un maximum.

Elle constate et s’inquiète cependant d’une augmentation de la prise de la Ritaline®, et redoute une prescription excessive, comme aux Etats-Unis.

"L’hyperactivité est notre première cause de consultation", explique à l’AFP le Dr Michel Lecendreux, pédopsychiatre au service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert Debré à Paris.

"La prescription de la Ritaline® a beaucoup augmenté ces derniers temps", constate le spécialiste. Mais, rappelle le Dr Lecendreux, "pour ces enfants, ce n’est pas une drogue, c’est un médicament qui rétablit un dysfonctionnement neurobiologique".

Il constate aussi qu’il y a un "début" de mouvement au sein de l’école, pour une meilleure prise en charge de ces troubles. "On a fait des démarches vers l’éducation pour que des mesures soient prises", résume-t-il.

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