Le TDAH

Intégration scolaire : ça marche ! Témoignage de Viviane Raynal, institutrice de CE2

, par Sylviane Ehrer , Viviane Raynal

J’ai accepté de donner mon témoignage car j’espère que cela pourra aider d’autres enseignants confrontés à des
enfants un peu « difficiles ».

Elise est arrivée dans l’école l’an dernier. J’ai tout de suite remarqué qu’elle était un peu « particulière ». Elle avait un besoin incessant de parler d’elle et de sa vie à n’importe quel moment.

Elle remuait sans arrêt « déménageant » sa chaise et sa table continuellement et se concentrant difficilement sur son travail. De plus, dès que nous passions au travail écrit, elle s’arrangeait pour passer inaperçue et ne rien faire. Et elle agaçait ses voisins en leur parlant et en voulant leur imposer sa volonté.

Heureusement, à la réunion de rentrée, la maman est venue me voir et m’a expliqué les difficultés d’Elise. Très vite, un dialogue régulier s’est instauré avec la maman et je pense qu’une des clefs de la réussite de l’intégration
d’Elise est cette bonne communication que nous avons eue.

Elle m’a remis plusieurs exemplaires du petit livre « Le TDAH et l’école » édité par l’association, ce qui m’a permis de mieux connaître ce trouble et de mieux comprendre certaines réactions. J’ai donc mis en place quelques petites choses. Tout d’abord, j’ai installé Elise à une table à côté de moi. Je l’ai laissée parler d’elle à des moments opportuns ou en la sollicitant lors de certaines activités. Je ne lui ai par contre rien laissé passer. J’ai toujours eu envers elle la même fermeté qu’envers les autres élèves tout en étant cohérente. J’ai essayé, comme cela est préconisé dans le livre, de bien la regarder et d’accrocher son regard quand je lui parlais. Je l’ai aussi responsabilisée, comme ses camarades, car dans ma classe sont institués un certain nombre de responsabilités que je demande aux enfants de bien assumer pour rendre service à l’ensemble de la classe. J’ai essayé de la valoriser le plus possible, dès qu’une activité était réussie. Avec les autres enfants, ça a été un peu difficile car j’avais beaucoup d’élèves « querelleurs » et il fallait souvent que j’intervienne dans des conflits. Malgré tout, Elise
s’est bien intégrée dans l’école. Cependant, en fin d’année, j’ai demandé aux parents la permission de la maintenir en CE2 car ses résultats étaient vraiment faibles à cause de grosses lacunes. Les parents ont accepté parce qu’elle resterait avec moi et qu’elle se sentait en confiance.

Et cette année, le comportement d’Elise s’est vraiment amélioré. Dès le début je lui ai dit qu’elle connaissait bien le fonctionnement de la classe donc qu’elle pourrait m’aider. Elle a tout de suite pris son rôle au sérieux, même un peu trop puisqu’elle recommençait à vouloir tout
diriger, mais elle a vite trouvé le ton juste. J’ai pu la remettre dans un groupe (les tables de ma classe sont disposées en groupes) en la mettant au bout, de manière à ce qu’elle ne gêne personne, dans un premier temps, mais à présent, elle est au milieu des aut res sans problème. Elle
s’est mise au travail. Elle ne parle plus à tort et à travers et essaye même de passer inaperçue lors des exercices oraux. Je ne manque pas une occasion de l’interroger ce qui l’oblige à être attentive. A l’écrit, elle fait ses exercices, certains jours elle est moins en forme, mais je l’encourage et elle est motivée par les bonnes notes qu’elle obtient. Et vraiment, je pense que c’est une réussite.

Mais ce que je pense avant tout est que chaque enfant, quel qu’il soit, est sensible à l’état de vie de son enseignant et il est indispensable que nous soyons heureux dans notre classe et que nous ayons à coeur que nos élèves soient heureux aussi.

Viviane Raynal, institutrice de CE2 dans un village de Bourgogne

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