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Epidémiologie du TDAH en France - Dr M. Lecendreux, Paris

, par Dr Michel Lecendreux

L’estimation de la prévalence du TDAH chez l’enfant dans le monde est estimée entre « 2 et 18% » en fonction des pays et des critères diagnostiques retenus. Cette grande variabilité est essentiellement fonction des critères méthodologiques utilisés.

Pour la première fois, une étude épidémiologique a été proposée sur un
échantillon représentatif de la population pédiatrique française.

La sélection de l’échantillon a eu lieu en décembre 2008 par la société
IDDEM spécialisée dans les enquêtes téléphoniques à partir d’échantillons représentatifs en population générale.

Les questions posées aux familles par les enquêteurs (le plus souvent la mère) étaient issues et adaptées de questionnaires validées tels que la Kiddie-SADS et du DSM IV-TR. Le diagnostic de TDAH était retenu lorsque les symptômes étaient clairement identifiés, persistaient depuis six mois au moins et retentissaient de façon significative sur le fonctionnement de l’enfant.

L’étude ayant porté sur un échantillon représentatif de 1012 foyers comprenant un enfant au moins âgé entre 6 et 12 ans, les résultats ont montré une prévalence pour le TDAH de 3.5% (95% IC 2.4, 4.7). Par ailleurs il était constaté que 36,5% des enfants ayant les critères positifs de TDAH recevaient un traitement médicamenteux pour cette affection.
Lorsque cette donnée était prise en compte, le taux de prévalence corrigé était alors de 5,6%.

Par ailleurs, il était observé que le risque pour un parent d’être atteint de TDAH était plus élevé lorsque son enfant présentait lui-même un TDAH. En revanche, il n’était pas retrouvé de différence significative en fonction des caractéristiques des familles (taille de la fratrie, statut marital, travail).

Concernant la comorbidité avec le TDAH, le trouble des conduites (TC) et le trouble oppositionnel avec provocation (TOP) étaient plus fréquemment associés chez les enfants ayant un TDAH comparés aux enfants non-TDAH. Le TOP était plus fréquent chez les garçons, alors que le TC survenait de façon identique dans les deux sexes.

Il n’était pas retrouvé de corrélation entre la densité de la population et la présence de TDAH ou de TOP, contrairement au TC qui augmentait avec la densité de population.

Le nombre de symptômes de TDAH constituait un facteur de risque significatif pour les troubles des apprentissages, la fréquence des redoublements, et un niveau de fonctionnement académique inférieur au niveau attendu. L’impact négatif des symptômes de TDAH sur la réussite scolaire était retrouvé, y compris lorsque les symptômes étaient
présents mais qu’ils n’atteignaient pas le seuil de significativité.

La seconde partie de l’étude portait sur la prévalence des troubles du sommeil et démontrait l’existence d’un lien entre TDAH et certains troubles du sommeil. Des différences significatives entre les enfants TDAH et non TDAH étaient observées pour les difficultés d’endormissement, les éveils nocturnes et les impatiences dans les membres inférieurs.

Les enfants TDAH avaient tendance à présenter un sommeil plus agité et à
rapporter une plainte de somnolence diurne excessive.

En conclusion, cette première enquête épidémiologique française a été menée dans le but d’évaluer la prévalence du TDAH et des troubles du sommeil. Elle a montré une présence significativement plus élevée de troubles du sommeil en population TDAH et conclut à une prévalence du TDAH comprise entre 3,5 et 5,6 % en population pédiatrique.

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